#112 • Bush Pilot Private Reserve

43% alc./vol.
Courtage Porter’s, Kelowna, Colombie-Britannique, Canada

Le quatrième whisky canadien de cette soirée spéciale patriotique du Club de Scotch Whisky de Québec est le méconnu Bush Pilot Private Reserve.

Très très peu d’informations étant disponibles sur cette relique du whisky canadien, la plupart de ce que je vais vous dire ici est le fruit des recherches approfondies et expertes de Davin de Kergommeaux, auteur de Canadian Whisky: The Portable Expert, et sommité en matière de whisky canadien.

Tout commenca dans les années 90 avec les entrepreneurs Marilyn Smith et Bob Denton qui sont tombés par hasard sur un lot de whisky canadien de treize ans, à travers une cargaison de whiskys un peu plus quelconques destinés aux blends.

Ce lot provenait d’un courtier en boissons alcoolisées du nom de Porter’s, basé dans l’ouest, qui ne distillait même pas son propre whisky! On dit même qu’à ce jour, personne ne sait où Porter a trouvé ce whisky. Ils ont décidé de l’embouteiller tel quel juste pour voir, mais la mention Single Cask Canadian Whisky alluma la flamme de bien des alcoophiles de l’époque et les a mis sur la route d’un succès garanti.

Le nom Bush Pilot, qui veut dire « Pilote de brousse », est un hommage au père de Smith, qui était un pilote, justement, et un aventurier et/ou guide de chasse qui emmenait des hommes riches en avion pour des parties de chasse dans le nord au début du XXe siècle. Ce genre de guide apportaient souvent avec eux des bouteilles non-étiquetées de whisky, vraisemblablement de la contrebande provenant de chez Hiram Walker, afin de soi-disant se réchauffer dans le bois. D’où son nom, la réserve privée du pilote de brousse…

Malheureusement, un putsch à la Scotch Whisky Association vs Glenora vint mettre une ombre au tableau de cette histoire à succès bien de chez nous. Le brasseur américain Anheuser-Busch a poursuivi Bush Pilot car son nom pouvait porter à confusion. Bush Pilot n’ayant pas les moyens de s’opposer au géant américain, il n’eut d’autre choix que de tomber doucement dans l’oubli et les bouteilles restantes atteindront doucement le statut de Graal pour les connaisseurs de whisky canadien.

Comme le disait si bien le chevalier Karadoc de Vannes:

Par exemple, vous prenez aujourd’hui. Vous comptez sept jours. Ça vous emmène dans une semaine. Et bien on sera exactement le même jour qu’aujourd’hui… À une vache près, hein… C’est pas une science exacte.

Un whisky qui ne semble pas faire pas ses treize ans juste en le regardant. Paille rosée un peu diluée.

Nez:
Caramel, vanille, maïs, épices. Pointe de menthe suivie d’un vent de vernis à ongles.

Bouche:
Vanille encore, maïs et caramel. Fruits confits. Très réminiscent d’un bon bourbon, probablement dû à son mashbill cent pour cent blé d’inde. Notes d’anis ou même de réglisse noire.

Finale:
Chaude et épicée. Repose paisiblement et agréablement en bouche. Vent de sambuca.

Équilibre:
Aurait eu avantage à avoir un petit peu plus de mordant, 46% et plus par exemple. Néanmoins on ne peut plus gagnant comme whisky de légendes oubliées.

Note: ★★★★★