#160 • Bowmore 100 Degrees Proof Small Batch

57.1% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Chant du cygne de la soirée spéciale Souvenirs de Voyage du 3 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec, voici le Bowmore 100 Degrees Proof Small Batch.

Vieilli en-dessous du niveau de la mer dans le fameux Vault No.1 comme son grand frère de l’article précédent, le 100 Degrees Proof est un whisky qui, comme son nom l’indique titre à 100 degrés proof, ou juste 100 proof comme disent les américains. Bon, certains d’entre vous allez me dire « C’est quoi ça veut dire, degrés proof? », et d’autres péteux me diront « Meuh, si c’était vraiment 100 proof, ce serait 50% d’alcool, pas 57.1… »

Tiens tiens, j’entends au loin la cloche du cours d’histoire. Remontons à l’époque de Johnny Depp et des Pirates des Caraïbes. Le terme utilisé à l’époque, spirit proof, tire son origine des rations de rhum octroyées aux marins et était une façon pour ces derniers de s’assurer qu’ils ne se faisaient pas arnaquer avec du rhum dilué à l’eau.

On versait un peu de rhum sur de la poudre à canon et on essayait ensuite de l’allumer. Si le feu prenait on disait du rhum qu’il était à 100 degrés proof, ou à 100% pur si on veut. Si la poudre ne s’allumait pas, ça voulait dire que le rhum avait été coupé à l’eau, on le considérait alors comme under proof et on avait un paquet de matelots pas très très contents.

Les mathématiciens et les chimistes en ont déduit plus tard, pour mettre ces choses au goût du jour, qu’un spiritueux à 100 degrés proof avait un taux d’alcool équivalent à 4/7. Donc si on part du principe que 4/7=0.5714, le Bowmore 100 Degrees Proof est vraiment sur la coche avec son 57.1% d’alcool.

Ça, c’est la façon de faire du Royaume-Uni, qui l’a mise au rancart en 1980 pour s’aligner avec le système international. Les américains quant à eux ont continué comme d’habitude à faire à leur tête dans un esprit de liberté patriotique mal placée. Aux États-Unis, les deux mesures, proof et taux d’alcool, peuvent être utilisées. De surcroît, chez eux on ne dit pas degrees proof, mais proof tout court, et ce n’est pas un taux d’alcool équivalent à 4/7 mais bien à 1/2. Donc en résumé, en plus de ne servir à rien comme mesure, si vous voyez une bouteille américaine avec une mesure en proof sur l’étiquette, divisez simplement par deux et vous serez en territoire familier et universel avec un taux d’alcool en pourcentage comme partout ailleurs sur la planète.

Comme le disait si bien et si souvent l’écrivain, dramaturge, polémiste et éditeur québécois Victor-Lévy Beaulieu:

Il faudrait être sot pour croire que l’on meurt à cause d’une déficience qui nous est personnelle, ce sont les autres qui nous tuent par leur entêtement à vivre…

Belle coloration d’un miel doré qui n’est pas sans sous-entendre un fût de bourbon à quelque part là-dedans.

Nez:
Tourbe légère devant un rayon de miel. Vanille, malt, fleur de sel, cuir et chêne se bagarrent ensuite pour une place sous le soleil.

Bouche:
Fruits juteux soulignés par le taux d’alcool. Ample et mielleux avec encore du sel de mer, du caramel salé et du citron. Le goût n’est pas sans rappeler certaines moutures du Tempest.

Finale:
Épicée et sucrée, une légère tourbe nous transporte sur une longue période pour nous laisser sur une note de puissance sans réserve. Vitesse lumière.

Équilibre:
Une fois de plus, Bowmore m’emmène à des endroits moins familiers, et j’en redemande…

Note: ★★★★

#159 • Bowmore 26 ans 1985 Limited Edition

52.3% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Pour l’avant-dernier whisky de la session de dégustation du 3 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec, on se garde tout qu’un morceau, un épique Bowmore 26 ans 1985 Limited Edition.

Je dis tout qu’un morceau, car en plus d’avoir sommeillé 26 ans en fûts de bourbon et de xérès choisis à la main par les experts de la distillerie et de coûter plus de 600$, cette expression est limitée uniquement à 750 bouteilles. Depuis 1985, l’année de Back to the Future, ces tonneaux ont patiemment attendu dans le légendaire Vault No.1 de Bowmore, leur entrepôt situé en-dessous du niveau de la mer.

Son petit côté péteux va de son élégante boîte en bois jusqu’à la ceinture de cuir pour la tenir fermée, en passant par la petite médaille qui pendouille à son goulot, telle la vachette du Sangre del Toro, bien connu des plus Christian Bégin d’entre nous.

Comme le disait si bien le président des présidents, le politicien et général américain George Washington (1732-1799):

Quand l’homme a découvert que la vache donnait du lait, que cherchait-il exactement à faire ce jour-là ?

Robe d’un beau orange profond, bruni près du marron. Un signe de caractère.

Nez:
Table de bois massif, petits fruits et léger cuir avec une fumée de tourbe pas trop envahissante, transportant avec elle l’air salin de la mer. Fond de crème et de chocolat.

Bouche:
Une touche de vanille se dépose sur le bout de la langue, pour ensuite évoluer vers un genre de punch aux fruits au pamplemousse et à l’orange. On termine pertinemment sur des notes de miel et de jujubes aux framboises à 1¢ du dépanneur chez Perrette en 1985.

Finale:
Les fruits sucrés continuent la danse avec le vent de la mer, pendant qu’une goutte de colle à timbre postal accentue le tout.

Équilibre:
Un Bowmore pas comme les autres, je dirais même comme il ne s’en fait plus. Dommage qu’il ne soit pas plus abordable.

Note: ★★★★