#140 • Pittyvaich 20 ans

57.5% alc./vol.
Distillerie Pittyvaich, Dufftown, Speyside, Écosse

En troisième place lors de la soirée spéciale distilleries déchues du Club de Scotch Whisky de Québec, voici un des élixirs les plus vils que j’eusse eu l’occasion de goûter, le Pittyvaich 20 ans.

Construite en 1974, la distillerie Pittyvaich fut lors de sa courte vie une des plus jeunes distilleries écossaises en opération. Bien que sa production était initialement uniquement destinée au marché des blends, quelques embouteilleurs indépendants ont réussi à sortir quelques expressions single malt du Pittyvaich, avant que la distillerie embouteille elle-même son single malt en 1991. Malheureusement elle cessa ses opérations en 1993 et la démolition fut le sort qui lui fut réservé en 2002.

C’est rare que je n’aime pas un whisky, et peut-être que c’est un petit peu parce qu’ils sont fermés que je me permets d’être si désagréable avec cette expression de 20 ans, probablement la plus vieille de la distillerie si je me fie à la mathématique. Allons-y, il faut faire passer la pilule…

Comme le disait si bien à son époque le mathématicien français Blaise Pascal (1623-1662):

On doit avoir pitié des uns et des autres, mais on doit avoir pour les uns une pitié qui naît de tendresse, et pour les autres une pitié qui naît de mépris.

D’une teinte extrêmement pâle, on dirait un vinho verde.

Nez:
Légère vanille, gazon, ne fait pas son 57%. Floral, semble doux et sans danger. MAIS C’EST UN PIÈGE !

Bouche:
Le punch de son taux d’alcool ne tarde pas. Un mélange d’herbe humide et de petit cuir fruité tente de nous leurrer. Sa puissance cask strength a tôt fait de nous engourdir le palais et du coup masquer son mauvais goût.

Finale:
Cuir huileux ranci, telle une selle d’équitation qui n’aurait pas été changée depuis un petit bout de temps. Fort désagréable.

Équilibre:
Un whisky médiocre c’est une chose, mais à ce prix c’est carrément grotesque. Bref je dirais le Battlefield Earth des scotchs.

Note: ★★★★

#134 • Speyburn Bradan Orach

40% alc./vol.
Speyburn-Glenlivet Distillery, Rothes, Speyside, Écosse

Une autre tentative de scotch de semaine aux États-Unis, je me laisse berner par son prix dérisoire et je choisis une expression de Speyburn que je ne connais pas, le Bradan Orach.

La distillerie Speyburn se situe près de la rivière Spey, c’est pour ça qu’on appelle la région Speyside, rivière reconnue entre autres pour la qualité de sa pêche au saumon et à la truite. D’ailleurs il y a un gros saumon sur le logo de la distillerie.

Bradan Orach en gaélique se traduit par « Saumon Doré ». Le saumon doré n’est pas une espèce de saumon en tant que tel, j’imagine qu’ils ont juste voulu donner l’image d’un saumon en or, la bouteille étant dorée et tout.

La distillerie décrit cette expression comme facile à boire, une expression classique vieillie en ex-fûts de bourbon. Voyons donc ce que ça donne…

Comme le disait si bien le pêcheur new-yorkais reconnu Edward vom Hofe (1846–1920):

Le poisson est un animal dont la croissance est excessivement rapide entre le moment où il est pris et le moment où le pêcheur en fait la description à ses amis.

Or profond et ambre pur sont de belles couleurs, à l’image de sa bouteille.

Nez:
Fruits, chêne, vinaigre de cidre. Un petit chatouillement de l’alcool se fait sentir. Ceci et son absence de mention d’âge nous fait soupçonner que c’est un whisky très jeune. Tombe aisément dans l’oubli.

Bouche:
Un départ léger. Ballet de vanille, poire et gingembre. Sans crier gare, la jeunesse du spiritueux frappe ensuite d’une bonne brûlure poivrée.

Finale:
Citron amer. Poivre, cannelle et gingembre. L’amertume est la seule partie de la finale qui persiste, et c’est la seule qu’on voudrait qui meure tôt.

Équilibre:
Déception la plus extrême. Aurait incommensurablement à gagner de quelques années de plus en fût. Après tout, Speyburn est loin d’être une mauvaise distillerie. C’est un peu de ma faute, je ne sais pas à quoi je m’attentais pour seize dollars.

Note: ★★★★