#249 • Bowmore 10 ans The Devil’s Casks • Batch #1

56.9% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Après avoir fait paraître ma critique du Jim Beam Devil’s Cut à temps pour l’Halloween, j’aurais bien aimé surenchérir avec le présent article pour El Día de Muertos, mais comme mieux vaut tard que jamais, voici la première mouture du Bowmore Devil’s Casks.

L’église du village de Bowmore, la Kilarrow Parish Church, a été construite en 1767, et comme bon nombre de designs architecturaux des années soixante qui l’ont copiée, arbore une forme circulaire. La rumeur veut que c’était pour éviter que le diable ne se cache dans les coins.

La légende dit qu’un beau jour, alors qu’il était poursuivi par les villageois, le diable, ne pouvant bien sûr se cacher à l’église pour la raison susmentionnée, se réfugia à l’intérieur de la distillerie. Aussitôt les paroissiens en barricadèrent les portes. Après avoir bien vérifié que le malin ne pouvait s’en échapper, quelques braves âmes entrèrent dans la distillerie. Mais aucune trace du diable ne fut retrouvée. On dit qu’il se serait caché à l’intérieur d’un tonneau de whisky et qu’il ne fallu pas trop de temps pour que ce dernier soit sur un bateau à destination de l’Écosse continentale.

Bowmore célèbre aujourd’hui cette légende avec cet embouteillage mûri pendant dix ans exclusivement dans des fûts de xérès de premier remplissage.

Comme l’a si bien dit l’homme d’affaires, musicien, poète, dramaturge et écrivain français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) :

Que le Bon Dieu le bénisse, que le diable le charisse.

Cuivre riche et profondément sinistre, peut-être même plus que le Darkest et le Laimrig.

Nez:
Même si on s’attendait à autre chose en premier, c’est le xérès et toute sa gang qui nous accueille d’entrée de jeu. Fruits rouges très épicés, cannelle, muscade, cuir et chocolat noir. La tourbe et les éléments maritimes habituels de la distillerie se dissimulent ici peut-être un peu trop habilement. Caramel brûlé et jambon fumé ferment le cercle.

Bouche:
Assez huileux au niveau de la texture, d’une amplitude je dirais attendue. Tellement fruité et sucré qu’on pourrait croire à un fort brandy. Les signes du sherry sont pourtant inéluctablement présents. Raisin, bois, muscade, retour du cuir et bon vieux tabac à pipe. Peu ou pas d’influence de la tourbe encore à ce stade-ci.

Finale:
Son beau taux d’alcool contribue à ce que fumée et bonbons genre Smarties s’étirent longuement sur une feuille de tabac.

Équilibre:
Pour cet embouteillage, les attentes ou le hype étaient peut-être un peu surévalués. Ça reste quand même un Islay Sherry Cask vachement solide, ne serait-ce que sur la foi de sa teneur en alcool.

Note: ★★★★★

#245 • Ardbeg Auriverdes 2014

49.9% alc./vol.
Distillerie Ardbeg, Port Ellen, Islay, Écosse

J’ai l’immense plaisir pour cet article de retomber dans un embouteillage d’un des piliers de l’île d’Islay, de la glorieuse Ardbeg, l’édition spéciale de leur jour férié éponyme autoproclamé, le Ardbeg Day, voici le Ardbeg Auriverdes.

Auriverdes serait un whisky à deux faces, influencé non seulement par les lattes de son baril mais aussi par les couvercles qui ont été carbonisés avant la mise en fût, ce qui est une pratique peu courante dans le monde du scotch. Selon la distillerie nous devrions être témoins d’une sorte de dualité vanille-mocha plutôt ensorcelante.

C’est une édition spéciale qui de par son nom espagnol célèbre ce liquide doré (auri) dans sa fameuse bouteille verte (verdes), mais aussi qui fait référence en cette année de Coupe du Monde de la FIFA aux couleurs du pays hôte de la compétition, je parle bien entendu du Brésil.

Mais parlant de l’équipe du Brésil, comme l’a si bien dit une fois Daniel Vézina:

Il ne faut pas préparer la poêle avant d’avoir le poisson.

Belle robe dorée, on peut presque y imaginer un rayon de miel tourbé.

Nez:
Belle tourbe citronnée et sucrée dès le départ. Fumée et gazon sont rondement remplacés par une admixtion de framboises et de mûres laissée au soleil. Un fond de cappucino sucré au miel tente de se soustraire au nez dans le fond du verre.

Bouche:
Très gracile en bouche. On passe du gazon à la tourbe, de la vanille au miel, du goudron à la salade de fruits des champs, le tout pimenté à la perfection par son joli taux d’alcool.

Finale:
Courte et modérément à la sauvette. Vanille, miel et épices sont de bonne compagnie, mais on dirait qu’on perd un peu trop la tourbe caractéristique de la distillerie dans une espèce de menthe qui est plus ou moins à sa place.

Équilibre:
Un excellent Islay, mais un Ardbeg légèrement douteux. On dirait presque du Ten mélangé à quelques fûts sans mention d’âge. Douteux peut-être, mais qui ne fait certainement pas aussi patate que l’équipe brésilienne en demi-finale…

Note: ★★★★