#172 • White Horse

40% alc./vol.
Groupe Diageo, Édimbourg, Lowlands, Écosse

Ce n’est que quelques jours avant Noël que j’ai eu l’occasion de me tremper les lèvres dans un blend qui jouit d’une réputation mondiale mais qui reste peu connu ici, le White Horse Scotch Whisky.

Introduit en 1890, le blend White Horse appartient aujourd’hui au conglomérat Diageo. Il tire son nom d’une auberge reconnue d’Édimbourg, la White Horse Cellar Inn, point de départ pour le voyage en diligence de huit jours du London Coach qui avait pour destination, comme son nom l’indique, Londres. Il paraît que c’était autrefois le whisky qu’on offrait gracieusement aux passagers du périple en question. On dit même que ce serait un des premiers whiskys au monde à abandonner le bouchon de liège au profit de la capsule qui visse.

Un élément-clé qui fait sa notoriété et son succès mondial est le fait que, bien que d’autres tels que Talisker, Cragganmore et Caol Ila, pour ne nommer que ceux-ci, aient déjà par le passé entré dans sa composition (Diageo quelqu’un?), un des malts qu’il contient actuellement est le légendaire Lagavulin. Avec une épine dorsale comme celle-là, alliée à quelques autres whiskys pour lui donner un petit coup de fougue chocolatée, si vous n’êtes pas convaincu de l’essayer, moi j’appellerais cela de la mauvaise foi.

Ceci n’est pas sans me rappeler le proverbe persan qui suit :

Donnez un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir.

Au niveau de la couleur, on reste dans un bel ambre neutre tirant légèrement sur le cuivre foncé.

Nez:
On entame en douceur la chevauchée avec une vague un petit peu épicée avec de fortes notes d’agrumes et de bois. Le tout est soigneusement ficelé de fumée avec très peu d’influence de tourbe.

Bouche:
C’est à l’arrivée en bouche qu’on décèle un peu plus les whiskys de grain qui entrent dans sa composition. Un peu de patience nous fait du bien par contre en nous renvoyant une explosion de fruits tels abricots, pêches et nectarines. La vraie orge maltée fait surface ensuite avec cuir et épices.

Finale:
Un ouragan d’épices diverses fait office de finale. Sans être trop longue ou trop courte, elle nous offre cannelle, poivre et gingembre.

Équilibre:
Un blend tout de même extrêmement honnête, surtout pour son prix dérisoire. Un petit plaisir à boire tranquillement. Mais tant qu’à ne pas le trouver en terre québécoise, je préfère payer un peu plus et me reposer sur la base solide d’un bon vieux Johnnie Walker Black Label.

Note: ★★★★★

#152 • Johnnie Walker Green Label 15 ans

43% alc./vol.
Groupe Diageo, Kilmarnock, Ayrshire, Écosse

La première des deux bouteilles que j’ai passées aux douanes lors de mon dernier périple aux states est un blend uniquement composé de single malts, le réputé et, si on en croit les rumeurs, en voie de disparition Johnnie Walker Green Label 15 ans.

Réputé, car contrairement à bien d’autres blends écossais, aucun whisky de grain n’entre dans la composition du Green Label. Selon Diageo, le propriétaire de la marque, seuls quatre single malts entrent dans la recette du Green Label; Un malt Talisker lui apporte sa puissance, un Linkwood sa finesse, un peu de Cragganmore pour le coeur, et son côté mystérieux serait représenté par un malt Caol Ila.

C’est pour cette raison que la compagnie ne l’affiche pas comme un blended scotch whisky, mais bien comme un blended single malt scotch whisky, ou un pure malt.

En voie de disparition car, selon certaines rumeurs, la production de ce blend aurait cessé en 2013, alors si vous pouvez mettre la main dessus, swipez-en donc une bouteille…

Comme le disait si bien l’universitaire, érudit et romancier italien Umberto Eco :

Il y a quatre types idéaux : le crétin, l’imbécile, le stupide et le fou. Le normal, c’est le mélange équilibré entre les quatre.

Le verre montre une belle robe d’un cuivre riche près de la châtaigne ou du marron. Non Steve, pas la couleur. En fait oui je parle de la couleur, mais celle du whisky, pas du marron.

Nez:
Tout-de-go, impression surette avec un côté sec. Un air de citron, lime et pamplemousse à l’avant-plan, supporté par des effluves de feuilles de tabac et de terre humide. En-dessous de tout cela, on croit percevoir d’infinitésimales traces d’amande et de vanille.

Bouche:
Riche et onctueux. De jolies notes de citron s’effacent derrière un mur de crème glacée à la pistache. Le fait que cette expression titre à 43%, et non pas 40% comme bien d’autres blends, aide particulièrement à lui fournir un corps qu’elle n’aurait pas eu en d’autres circonstances.

Finale:
Retour de la vanille et du citron, enrobés d’une belle mais pas trop affirmée dose de fumée de tourbe.

Équilibre:
Éblouissante complexité pour un blend. Ses quinze ans lui vont à merveille. J’adorerais pouvoir trouver cette expression en sol québécois…

Note: ★★★★★