46.8% alc./vol.
Distillerie Highland Park, Kirkwall, Orkney, Écosse.
C’est au quatrième scotch servi le 16 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec que les choses ont commencé à se corser. Lors de la dégustation spéciale Highland Park préparée par André, juste avant la pause nous avons eu droit au tout dernier rejeton de la distillerie, dans sa bouteille d’inspiration Assassin’s Creed, voici le lugubre Highland Park Dark Origins.
C’est un embouteillage qui rend hommage à Magnus Eunson, le fameux contrebandier de whisky qui a fondé Highland Park, dont j’ai relaté les exploits à une ou deux reprises sur ce blogue…
Bon tant qu’à partir dans les contes et légendes… On raconte qu’une nuit, alors qu’il ramenait dans un chariot tiré par ses chevaux des tonnelets de whisky à son village, Magnus serait tombé sur un percepteur d’impôts en patrouille qui lui demanda de payer son dû à la couronne. Magnus lui répondit qu’il le ferait avec plaisir une fois rendu au village, où il pourrait décompter la cargaison et payer les sommes dûes depuis son foyer. De plus, ça leur ferait l’un et l’autre de la compagnie pour la route…
Une fois Magnus et le fonctionnaire en route et bien engagés dans la conversation, une poignée d’hommes de main de Magnus approchèrent discrètement de l’arrière du chariot et le déchargèrent un par un de ses tonnelets de whisky illégal. Une fois arrivés à destination, quand le percepteur demanda de nouveau à Magnus de s’acquitter de ses droits sur son whisky, ce dernier n’eut qu’à répondre « mais quel whisky? »…
Le Dark Origins est assemblé avec une proportion de fûts de xérès espagnol deux fois plus grande que le 12 ans d’âge standard de la distillerie, ce qui lui donnerait une teinte et un goût plus riche et plus prononcé.
Comme le disait si bien l’écrivain, poète, traducteur et dissident soviétique Iouli Markovitch Daniel (1925-1988):
L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le royaume et les ténèbres.
Or cuivré et brunâtre qui se veut à la hauteur de son nom. Caramel brûlé.
Nez:
Xérès en puissance bardé de sel de mer, marqué aussi d’un petit côté stagnant qui me rappelle certains Bruichladdich. Une belle base astringente pimentée par la richesse d’une juteuse salade de fruits. L’orge ressort en fin de nez.
Bouche:
Sa douceur n’a d’égal que sa texture riche et huileuse. Le malt grillé y est bien admirablement représenté, suivi de sel, de dattes et de raisins.
Finale:
Un air marin, différent de celui de Bowmore, et une vieille planche sèche de futaille de sherry. Impression poussiéreuse de craie qui ne fait surface habituellement que dans les vieux vieux sherry casks.
Équilibre:
Un excellent dram et une belle direction pour HP. Certains vont encore se plaindre que c’est un autre NAS (no age statement), mais il faut bien se faire à l’idée que c’est tranquillement le chemin qu’emprunte inexorablement l’industrie entière du scotch whisky.
Note: ★★★★★