#266 • Highland Park Dark Origins

46.8% alc./vol.
Distillerie Highland Park, Kirkwall, Orkney, Écosse.

C’est au quatrième scotch servi le 16 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec que les choses ont commencé à se corser. Lors de la dégustation spéciale Highland Park préparée par André, juste avant la pause nous avons eu droit au tout dernier rejeton de la distillerie, dans sa bouteille d’inspiration Assassin’s Creed, voici le lugubre Highland Park Dark Origins.

C’est un embouteillage qui rend hommage à Magnus Eunson, le fameux contrebandier de whisky qui a fondé Highland Park, dont j’ai relaté les exploits à une ou deux reprises sur ce blogue…

Bon tant qu’à partir dans les contes et légendes… On raconte qu’une nuit, alors qu’il ramenait dans un chariot tiré par ses chevaux des tonnelets de whisky à son village, Magnus serait tombé sur un percepteur d’impôts en patrouille qui lui demanda de payer son dû à la couronne. Magnus lui répondit qu’il le ferait avec plaisir une fois rendu au village, où il pourrait décompter la cargaison et payer les sommes dûes depuis son foyer. De plus, ça leur ferait l’un et l’autre de la compagnie pour la route…

Une fois Magnus et le fonctionnaire en route et bien engagés dans la conversation, une poignée d’hommes de main de Magnus approchèrent discrètement de l’arrière du chariot et le déchargèrent un par un de ses tonnelets de whisky illégal. Une fois arrivés à destination, quand le percepteur demanda de nouveau à Magnus de s’acquitter de ses droits sur son whisky, ce dernier n’eut qu’à répondre « mais quel whisky? »…

Le Dark Origins est assemblé avec une proportion de fûts de xérès espagnol deux fois plus grande que le 12 ans d’âge standard de la distillerie, ce qui lui donnerait une teinte et un goût plus riche et plus prononcé.

Comme le disait si bien l’écrivain, poète, traducteur et dissident soviétique Iouli Markovitch Daniel (1925-1988):

L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le royaume et les ténèbres.

Or cuivré et brunâtre qui se veut à la hauteur de son nom. Caramel brûlé.

Nez:
Xérès en puissance bardé de sel de mer, marqué aussi d’un petit côté stagnant qui me rappelle certains Bruichladdich. Une belle base astringente pimentée par la richesse d’une juteuse salade de fruits. L’orge ressort en fin de nez.

Bouche:
Sa douceur n’a d’égal que sa texture riche et huileuse. Le malt grillé y est bien admirablement représenté, suivi de sel, de dattes et de raisins.

Finale:
Un air marin, différent de celui de Bowmore, et une vieille planche sèche de futaille de sherry. Impression poussiéreuse de craie qui ne fait surface habituellement que dans les vieux vieux sherry casks.

Équilibre:
Un excellent dram et une belle direction pour HP. Certains vont encore se plaindre que c’est un autre NAS (no age statement), mais il faut bien se faire à l’idée que c’est tranquillement le chemin qu’emprunte inexorablement l’industrie entière du scotch whisky.

Note: ★★★★

#263 • Highland Park 21 ans Vintage 1991

40% alc./vol.
Distillerie Highland Park, Kirkwall, Orkney, Écosse.

Le troisième scotch servi le 16 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec, lors de la dégustation spéciale Highland Park est une exclusivité du marché hors-taxes, j’ai nommé le Highland Park 21 ans Vintage 1991.

C’est une expression qui aurait vieilli uniquement en fûts de chêne espagnol ayant auparavant contenu du vin de xérès. Le résultat est ensuite dilué à 40% d’alcool afin de, selon les dires de la distillerie, le rendre plus doux et facile d’approche pour le néophyte. Son prix n’est malheureusement pas adapté au dit néophyte en tout cas.

Comme le disait si bien l’intellectuel politisé, notaire de profession et chevalier François-Marie-Thomas de Lorimier (1803-1839):

Il vaut mieux que certains soient malheureux plutôt que personne ne soit heureux, ce qui serait le cas si l’égalité était générale.

Doré et orangé quoique semi-translucide.

Nez:
Belle subtilité et complexité qui nous surprend. Fruits rouges et bruyère, gâteau aux fruits des fêtes. Agrumes et infime fumée tourbée. Ultra-doux et gorgé d’arômes à la fois.

Bouche:
Miel et orge suivis de quelques belles épices. Orange, raisins et xérès. Poids raisonnable en bouche, surtout pour un 40% d’alcool.

Finale:
Courte mais bien balancée. La fumée et le sherry s’entendent à merveille avec le miel et les fleurs.

Équilibre:
L’ensemble crie Highland Park. Pas la palme d’or de tous les whiskys, mais à toutes les étapes il a le mérite d’être à la hauteur des attentes qu’il a lui-même placées.

Note: ★★★★★