#202 • Compass Box Orangerie

40% alc./vol.
Compass Box, Londres, Angleterre, Royaume-Uni

Le 6 mai dernier, le Club de Scotch Whisky de Québec nous offrait une séance de dégustation plutôt insolite, garnie de blends méconnus, ceux de la compagnie anglaise Compass Box. En guise d’ouverture, on ne nous sert pas un whisky, mais une intrigante liqueur au whisky, une infusion de scotch whisky avec oranges et épices exotiques, le curieux enfant bâtard de la compagnie, le Compass Box Orangerie.

Pour réaliser cet étrange élixir, les maîtres-à-penser derrière Compass Box ont commencé avec une base de single malt des Highlands jumelée à un single grain whisky de la région écossaise de Fife. Ils ont ensuite infusé ce mélange avec du zeste prélevé d’oranges Navalino ainsi qu’avec des épices de renommée mondiale. Cette recette, couplée à un design très élisabéthain, nous donne l’Orangerie.

Comme le disait si bien le roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande (de 1689 à sa mort) Guillaume III d’Orange-Nassau (1650-1702) :

Si Ève a mangé le fruit défendu, c’est pour avoir le plaisir d’être habillée. Et elle continue.

Couleur jaune assez pâle, et surtout assez bien dissimulée par le brun de sa bouteille.

Nez:
Vague d’Orange Crush en pleine face. C’en est presque pétillant.Touche de bois mouillé et de clou de girofle, mais ça reste envahi de liqueur (dans le sens de soda) à l’orange.

Bouche:
Doux au début, avec une légère vanille qui se fait rapidement étouffer par un zeste d’orange qui, allié au taux d’alcool, nous replonge net-sec dans l’orangeade. On aurait d’ailleurs aussi bien pu appeler ça Orangeade et non Orangerie…

Finale:
Gâteau à l’orange qui s’estompe dans le fond d’un gallon de Sunny-D. Je ne déteste pas l’orange dans la vie de tous les jours, mais là c’est un peu trop toquant à nom goût. On dirait des vitamines pour enfant.

Équilibre:
Je peux comprendre que ça irait bien avec un bout de chocolat ou de gâteau Opéra au dessert, mais je ne peux vraiment pas appeler ça un whisky, et personne ne le peut non plus, légalement du moins. C’est ce qui explique un peu aussi mon ambivalence face à quelle note conférer à l’Orangerie. Je ne peux pas lui donner une bonne note pour la même raison que je ne peux pas lui donner une note de merde, ce n’est pas du whisky. Point final. Expérience tout de même amusante.

Note: ★★★★★

#126 • Compass Box the Peat Monster

46% alc./vol.
Compass Box, Londres, Angleterre

Fondée en 2000 par John Glaser, un ancien de chez Johnnie Walker, Compass Box n’est pas une distillerie en tant que tel, mais plutôt un embouteilleur indépendant. Ils achètent des malts et des whiskys de grain un peu partout en écosse, en produisent des blends qu’ils font souvent ensuite vieillir un peu plus avant de les embouteiller et de les vendre.

Le Peat Monster est une de leurs expressions les plus tourbées. Son étiquette arbore un espèce de monstre, on dirait un étrange croisement entre Cthulhu, un Beholder et le Flying Spaghetti Monster. Compass Box demeure toutefois très discret quant à la provenance des whiskys qui composent ce blend. Tout ce qu’ils ont bien voulu dire, c’est qu’il contient du Ardmore et deux whiskys de l’Islay; l’un de quelque part autour de Port Askaig et l’autre de la côte sud de l’ile. Le tout vieilli dans un mélange de fûts de chêne américain et d’ex-barriques de bourbon.

Comme le disait de derrière sa grosse moustache le philosophe allemand Friedrich Nietzsche:

Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour.

D’une couleur plus pâle que de la paille, on jurerait pratiquement un vin blanc.

Nez:
Vanille, fruits et bacon. Pommes, beurre, amandes fumées et chardonnay. Quand on s’y attarde, une touche d’iode tente un échappé.

Bouche:
Bon malt. Pommes, miel et épices. Vanille, poivre et sel avec un tout petit peu de tourbe.

Finale:
Belle fumée de tourbe et de copeaux de chêne. Menthe et raisins complètent le tout sur un fond de cacao.

Équilibre:
Vraiment intriguant. Mais de là à l’appeler « monstre », on repassera. C’est tout de même bon et ça se déguste bien, mais je crie au scandale pour fausse représentation…

Note: ★★★★★