#200 • Pappy Van Winkle Family Reserve 15 ans

53.5% alc./vol.
Distillerie Buffalo Trace, Frankfort, Kentucky, États-Unis

Je vais commencer cet article en vous présentant mes excuses pour un laps de temps inhabituellement long depuis ma dernière mise à jour. Mais qu’à cela ne tienne c’est pour une bonne raison, c’est après tout la 200e critique de BLOGUEDEWHISKY.COM!

Donc en guise de 200e, je ne pouvais pas choisir n’importe quoi, ça me prenait quelque chose hors du commun, voire même quelque chose de particulièrement épique. Ayant eu la chance d’avoir passé une partie du printemps en sol américain, donc hors de la portée du long bras de notre monopole d’état, une myriade d’options m’étaient offertes.

Un beau soir je suis allé avec quelques collègues dans un bar de San Jose qui s’appelle Single Barrel. Quel nom évocateur, avec comme seule enseigne un tonneau vierge suspendu devant la porte… difficile de mal tomber. C’est un bar de style speakeasy, à l’image des bars clandestins de l’époque de la prohibition. Pas de musique, personne ne parle fort, ambiance feutrée. Suite à un éventail de questions sur vos goûts, le barman vous propose un cocktail personnalisé qui plaira à coup sûr. Mais pendant que mes collègues se noyaient dans l’indécision, j’ai aperçu une perle sur le top-shelf du bar…

Déclinant son cocktail et ses questions, je demande au barman s’il peut servir son whisky dans un verre plus adapté à la dégustation. Il me montre avec un grand sourire un superbe snifter à whisky (essentiellement un Glencairn sur pied). Je lui rends son sourire et lui commande avec excitation un Pappy Van Winkle Family Reserve 15 ans, neat.

Le Pappy est un des, sinon le bourbon le plus prisé au monde. Fabriqué par Buffalo Trace, il est loin d’être facile d’en trouver une bouteille, et à en moyenne 900 dollars, encore moins de pouvoir se la permettre. En 2013, la distillerie déclara le vol d’une soixantaine de caisses de trois bouteilles de ce précieux bourbon. Toutes les pistes des autorités ne menant à rien à ce jour, une récompense de 10 000$ a été offerte pour des informations pouvant mener à la condamnation des auteurs du larcin.

Comme le disait si bien mon regretté camarade Winston Leonard Spencer Churchill (1874-1965) :

Je me satisfais aisément du meilleur…

Profondément roux et aussi alléchant qu’une bière de la même couleur..

Nez:
Caramel salé et toffee nous prennent d’assaut, mais sans nous agresser, ce qui n’est pas coutume pour une expression aussi forte en alcool que celle-ci. Pomme de tire. On parvient à déceler le maïs, suivi de muscade, de cannelle et de gousse de vanille. La liqueur « Dr. Pepper », le chêne, les amandes, le blé et les fleurs. On y trouve aussi au fond du verre une feuille de tabac parfumée à l’images des plus grands « sherry bombs » écossais. Tout simplement renversant.

Bouche:
Délicat et fougueux. Caramel et épices, cannelle, cassonade brûlée, vanille, cidre de pommes et chocolat aux fruits. Tire « Grandma » qu’on donne à l’Halloween.

Finale:
Longue, chaude et douce à l’extrême. Infime amertume. Tabac et épices, gomme balloune. Le portrait final en est un d’une douceur et d’une subtilité épouvantable.

Équilibre:
Je n’ai jamais au grand jamais goûté à un bourbon aussi complexe. Élégance à tout casser. Malheureusement c’est un produit qui demeure très dispendieux, et il ne sera de la partie que lors des grandes occasions. Pire encore, n’espérez pas voir ça en SAQ de si tôt. Redéfinit l’adjectif « épique ».

Note: ★★★★★

#103 • Buffalo Trace

45% alc./vol.
Distillerie Buffalo Trace, Frankfort, Kentucky, États-Unis

Le mois dernier pour la fête des pères, la SAQ offrait un rabais à l’achat de deux bouteilles de spiritueux. De plus, suite au tuyau de Frank Plamondon, j’ai été profiter d’un rabais de quatre beaux dollars sur ma bouteille de Buffalo Trace.

La fabrication de bourbon sur le site de la distillerie Buffalo Trace date de 1773. Plusieurs grands noms de l’histoire du whiskey américain y ont mis la main à la pâte, tels que George T. Stagg et Harrison Blanton. La distillerie Buffalo Trace produit d’ailleurs aujourd’hui, en plus de son expression éponyme, le Thomas H. Handy, le Blanton’s et le George T. Stagg, ce dernier ayant été nommé meilleur whiskey américain de 2012 et 2e meilleur whisky au monde de 2012 par Jim Murray, pour ne nommer que ceux-là.

L’expression Buffalo Trace a été lancée en 1999 et son mashbill est un mélange de maïs, de seigle et d’orge maltée. Elle est vieillie dans des tonneaux de chêne neufs avec l’intérieur préalablement grillé.

Fait insolite, bien que la distillerie possède plusieurs entrepôts beaucoup plus grands, elle possède aussi le plus petit entrepôt de barils de whisky au monde, qui ne peut contenir qu’un seul fût à la fois.

Comme le disait souvent à l’époque le grand chef Apache Chiricahua Geronimo (1829-1909):

Tiens-toi à sept pas de l’éléphant, à dix du buffle, à vingt d’une femme et à trente d’un homme ivre.

Orange foncé très automnal serait le meilleur descripteur coloré dont je peux l’affubler.

Nez:
Présence très assurrée au nez. Vanille et sirop d’érable. Une touche de poivre et de menthe. Maïs, toffee et fruits des champs viennent compléter le bouquet.

Bouche:
Crémeux et robuste tout à la fois. Caramel, vanille, érable, pointe de mélasse. La gorgée se termine sur des notes de cinq poivres et de cuir.

Finale:
Toutes les saveurs goûtées précédemment traînent longuement en bouche pour une final des plus chaudes et plaisantes.

Équilibre:
Pas le plus grandiose des bourbons, mais offre somme toute un rapport qualité-prix béton.

Note: ★★★★★