#132 • McClelland’s Speyside Single Malt

40% alc./vol.
Distillerie inconnue, Speyside, Écosse

Comme je l’expliquais plus tôt cette année dans mon article sur son expression de l’Islay, McClelland’s n’est pas une distillerie en tant que tel. La marque appartient à Morrison Bowmore Distillers et c’est disons une marque plus adaptée a de modestes budgets.

Au Québec, on ne retrouve habituellement que l’Islay. Aux Etat-Unis, par contre, on y retrouve aussi les versions Highland et Speyside de la gamme. Mon épouse ayant pris la mission de me rapporter un Highland, que j’aborderai prochainement, de sa visite dans le Maine, je me suis chargé de déguster le Speyside que j’ai trouvé en Californie.

Même si lors de sa visite, pour des raisons évidentes, Iain McCallum, l’ambassadeur de Morrison Bowmore, a gentiment refusé de me confirmer la provenance des expressions de McClelland’s, il est relativement facile de le deviner ou de le spéculer soi-même.

Morrison Bowmore possède trois distilleries en Écosse: Bowmore sur Islay, Auchentoshan dans les Lowlands et Glen Garioch dans les Highlands. Cela explique trois des expressions de McClelland’s. Qu’arrive t’il du Speyside? Morrison Bowmore ne possède pas de distillerie dans le Speyside. Alors d’où provient ce mystérieux whisky?

Plusieurs hypothèses au menu. Morrison Bowmore appartient au géant japonais Suntory. Cette dernière entretiendrait d’excellentes relations d’affaires avec Macallan. Serait-ce un Macallan 5 à 8 ans, pas tout-à-fait prêt, dont Macallan ne se risquerait pas à mettre en marché prématurément?

D’autres rumeurs veulent que Suntory s’entende bien aussi depuis peu avec Whyte & Mackay. Leur seule distillerie du Speyside est Tamnavulin, mais de toute façon le McClelland’s Speyside existe depuis 1999, avant qu’ils ne soient chummy chmmy. Ça me semble peu probable. Et maintenant qu’ils appartiennent à Diageo, ça pourrait littéralement être n’importe qui.

Quelqu’un sur le net a dit que c’était du Craigellachie, mais il ne s’appuie sur rien d’autre. Mon avis à moi? Un Macallan pas assez vieilli c’est une possibilité. Pourquoi ne pas demander à Marc? Nous n’avons rien à perdre.

Comme le disait si bien Sir Arthur Conan Doyle:

Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.

Robe qui oscille entre le jaune et l’ambre léger.

Nez:
Doux et réservé. Vanille, beurre, citron et fruits séchés. Touche de madère. Pas désagréable mais vraiment rien d’excitant.

Bouche:
Beurre citronné, vanille et madère avec une note de… colle blanche? L’alcool brûle un peu.

Finale:
Courte et sans intérêt. Un peu de citron qui laisse rapidement place à une quelconque amertume.

Équilibre:
La finale vient briser ce trop jeune whisky. Même s’il n’est pas cher, choisissez autre chose, je vous en prie. Je retire ce que j’ai dit plus haut, Macallan serait incapable de produire un tel gâchis.

Note: ★★★★

#130 • Cardhu 12 ans

40% alc./vol.
Distillerie Cardhu, Archiestown, Speyside, Écosse

Une mignonnette n’attendant pas l’autre, la prochaine sur la liste est l’expression de base de la distillerie Cardhu, un single malt de 12 ans.

La distillerie Cardhu, en gaélique « rocher noir », a été fondée en 1824 par un contrebandier du nom de John Cumming. À l’époque, la distillerie était aussi une ferme saisonnière, c’est-à-dire qu’elle produisait du whisky une fois la saison des récoltes terminée, avec le grain qui restait.

En 1885, elle fut déménagée et agrandie, avec de tout nouveaux alambics. Les vieux alambics furent vendus peu après à William Grant qui les utilisa pour démarrer la Glenfiddich. La production de Cardhu a ainsi triplé, l’excédent étant vendu à Johnnie Walker pour ses blends. En 1893 la distillerie elle-même fut vendue à Johnnie Walker. Le tout appartient aujourd’hui à Diageo.

Les deux seules expressions de Cardhu sont le single malt 12 ans et un blend maison. Tout le reste de leur production se retrouve dans votre verre de bon vieux JW.

Comme le disait si bien la journaliste américaine Helen Churchill Candee (1858-1949), survivante du naufrage du RMS Titanic:

Il y a tant d’égoïsme dans le coeur des hommes, tant d’intérêts personnels chez eux, que les belles initiatives viennent s’y briser comme les lames de la mer sur un rocher inébranlable.

Entre or pâle et ambre, avec une goutte de rosé. Plutôt clair pour son âge.

Nez:
Orge, pomme verte et vanille. Acétone, savon et menthe avec une pointe d’herbe.

Bouche:
Peu de corps. Le goût prend du temps à se présenter. Ça commence par les épices, pour ensuite passer par caramel, menthe, chêne, noix et sel en finissant par une forte impression métallique.

Finale:
Comme un poignée de monnaie dans la bouche.

Équilibre:
Incroyablement surestimé et surévalué. Chapeau à Johnnie Walker pour avoir trouvé un profil utilisable dans ce malt.

Note: ★★★★