#127 • Laphroaig 10 ans

43% alc./vol.
Distillerie Laphroiag, Port Ellen, Islay, Écosse

Pour cette dernière critique de septembre, on revient avec la distillerie favorite du prince de Galles, je parle évidemment de Laphroaig.

Ayant déjà pas mal creusé le sujet de la distillerie dans des articles antérieurs, je vais en profiter pour glisser un petit mot sur les Friends of Laphroaig. Les Friends of Laphroaig, c’est un peu comme le fan club de la distillerie, avec un petit quelque chose de plus. À chaque fois qu’on achète une bouteille, on obtient un petit code. En s’inscrivant sur leur site web et à l’aide dudît petit code, on parvient aisément à devenir un Friend of Laphroaig. Ça donne quoi? Et bien ça donne quelques droits sur un petit lopin de terre de l’Islay, un pied carré en fait, directement sur le terrain de la distillerie. Si jamais vous visitez la distillerie un jour, ils vous prêtent un accoutrement approprié pour visiter votre pied carré écossais et vous avez en prime le droit d’exiger un tribut sous la forme d’un verre de Laphroaig. Excitant, non?

Chez nos voisins du sud, pour en deçà de quarante dollars on peut se procurer une bouteille de leur expression de base, le Laphraoig 10 ans.

Expression de base peut-être, mais quel mastodonte! Ce whisky représente l’Islay dans son essence la plus pure, pas de superfluité, pas de fioritures, pas de poudre aux yeux.

C’est un scotch qui a la particularité de sortir bien des gens de leur zone de confort.

Comme l’a déjà dit le prince Charles lui-même:

Trop souvent nous nous contentons du confort de l’opinion sans faire l’effort de penser.

Cuivre profond, or presque étincelant.

Nez:
Quand on parle de fumée de tourbe… Médicamenteux, iodé. Air salin, algues, faible côté sucré qui évoque le melon. Des gouttes de vanille et de chêne parviennent tout juste à percer.

Bouche:
C’est le cas de le dire, la fumée de tourbe nous en met plein la gueule, et on en redemande, mais elle n’oublie pas de faire une petite niche confortable dans la salle d’attente de l’urgence pour de la vanille et du caramel salé.

Finale:
Inoubliable. Le malt et la tourbe s’attardent sur la langue et y laissent une ambiance de camaraderie autour d’un feu de camp.

Équilibre:
Définitivement pas pour tout le monde. Un whisky qui s’assume pleinement. Puissant et sans compromis, l’image qui encapsule le mieux le Laphroaig 10 ans serait celle d’un hôpital de campagne.

Note: ★★★★

#099 • Bruichladdich Waves 2009

46% alc./vol.
Distillerie Bruichladdich, Bruichladdich, Islay, Écosse

Reddite quae sunt Caesaris, Caesari.

– Matthieu, XXII,21

D’entrée de jeu je dois remercier encore mon ami Pierre-Luc car c’est à lui qu’appartient la bouteille de Bruichladdich dont je vais vous parler aujourd’hui, et car il a eu aussi la gracieuseté de m’y faire goûter au-dessus de mon BBQ au charbon en train de décoller.

Je dois aussi lever mon chapeau à Frank Plamondon, mon collègue montréalais, et à son extraordinaire blogue Freaky Whisky. Comme vous pourrez le constater, vu que ce n’était pas ma bouteille j’ai eu de la difficulté à avoir la présence d’esprit d’en garder une photo. Donc pardonne-moi Frank de t’avoir odieusement volé ton galvanotype moderne…

(*Edit: J’ai pu en prendre une éventuellement, donc désolé Frank, je te rends ta pic… )

Le Waves est une expression tourbée à l’image de l’air salin de l’Islay, vieillie en fûts de bourbon avant d’être affinée en barriques de madère.

Comme le disait si bien Alexander Cartwright, le pompier américain qui inventa le baseball :

Il fallait jeter des fleurs blanches dans les vagues en faisant un voeu que les divinités réaliseraient dans l’année. Je ne sais pas ce qui s’est passé : mes fleurs devaient être moches, ou les dieux absents. En tout cas, je n’ai jamais été exaucé.

Couleur d’un orange doré modérément désaturé.

Nez:
Tourbe salée et feuilles de nori au premier plan. Suivi de noix et raisins, fleurs et pommes, punch aux fruits et Pine-Sol.

Bouche:
Miel, fleurs et poivre blanc.

Finale:
Subtile fumée terreuse. Fond d’eau salée qui a servi à steamer des hot-dogs. Fleurs amères, cuir et caoutchouc.

Équilibre:
La finale nous prend trop par surprise, pas une surprise-party, mais un peu plus comme « Je suis en prison et je viens d’échapper mon savon ». C’est malheureusement assez pour que je ne veuille pas y retourner. Au 2e tasting il est un peu meilleur.

Note: ★★★★★