#241 • Té Bheag

40% alc./vol.
Pràban na Linne, Eilean Iarmain, Île de Skye, Écosse.

Je vais revenir un peu à la base aujourd’hui pour vous parler d’une bonne vieille valeur sûre beau bon pas cher de la SAQ, le blend Té Bheag.

Cet assemblage de whiskys est originaire, à la grande surprise des connaisseurs de Talisker, de l’île de Skye, située au nord-ouest du continent écossais. Té Bheag (à prononcer « tché-vek ») signifie en gaélique écossais « la petite dame ». C’est aussi une expression qui peut vouloir dire « la petite goutte » ou comme les écossais disent, a wee dram, pour parler d’un tout petit verre de whisky, au même titre où par chez nous on dit « un petit doigt » quand on veut un fond de verre.

Comme le disait si bien le sage du thé chinois Lu Yu (733-804) :

Les meilleures feuilles de thé doivent être ridées comme les bottes de cuir des cavaliers tartares, craquelées comme la peau d’un buffle, elles doivent briller comme un lac agité par le souffle d’un zéphir. Elles doivent dégager un parfum semblable à celui de la brume qui s’élève au-dessus d’un ravin solitaire dans la montagne, et leur douce saveur doit évoquer la terre sous une fine pluie…

Teinte d’un roux orangé quasiment volcanique.

Nez:
Biscuits, miel et caramel, soulignés par un doux mélange de fumée de bois et de poli à meuble. Citron et céréales, notamment orge et avoine.

Bouche:
Poivre et iode sont les têtes d’affiche de l’arrivée en bouche. Un énigmatique assemblage de thé, de miel et de vanille vient adoucir le tout.

Finale:
Plutôt longue pour un blend d’entrée de gamme, enrobée d’un peu de fumée de tourbe et de miel.

Équilibre:
Un blend plus que respectable, un spectaculaire whisky de semaine. À ce prix-là en plus, ça donne envie de vider son JW Red dans l’évier.

Note: ★★★★★

#223 • Mackinlay’s Shackleton Rare Old Highland Malt • The Journey

47.3% alc./vol.
Whyte & Mackay, Glasgow, Lowlands, Écosse.

En 1907, l’explorateur anglo-irlandais Sir Ernest Shackleton mit les voiles depuis la Nouvelle-Zélande jusqu’en Antarctique dans le but ultime d’atteindre le pôle Sud. Bien que cet objectif ne fut malheureusement pas réalisé, plusieurs expériences scientifiques secondaires furent couronnés de succès.

Ce qui nous intéresse par contre, ce n’est pas le succès scientifique ou aventurier de treize hommes qui ont vécu deux ans en Antarctique, mais bien le fait qu’ils ont traîné avec eux un bon nombre de caisses de whisky, notamment un blend Mackinlay’s de 15 ans d’âge embouteillé en 1898. Lors de leur retour au bercail en 1909, ils en laissèrent trois caisses dissimulées sous leur refuge.

Fast-forward en 2010. Une équipe d’archéologues néo-zélandais retourne explorer le dît refuge de Shackleton (que vous pouvez aussi explorer ici. Merci Google!) et y découvre les caisses de whisky sous le plancher. Après avoir ramené une caisse en Nouvelle-Zélande pour la dégeler, on découvre que onze des douze bouteilles sont intactes. Trois bouteilles sont envoyées par avion dans une valise menottée à son porteur jusqu’en Écosse, plus précisément chez Whyte & Mackay, afin qu’un échantillon en soit prélevé, soigneusement via une seringue à travers du bouchon de liège.

C’est ici qu’entre en scène le master blender de la compagnie, notre pinchou bien-aimé Richard Paterson. Il utilise son expérience et son savoir-faire pour recréer, en utilisant des malts disponibles aujourd’hui, un blend qui se rapproche le plus possible de l’original. Étant donné que c’est la cabane de Shackleton et non pas le Club de Scotch Whisky de Québec qui est classé dans le patrimoine national de la Nouvelle-Zélande, nous nous contenterons aujourd’hui de la seconde édition de la recréation de Paterson.

Pour ce qui est de justifier sa place dans la dégustation ayant pour thème « Ces whiskys qui ont marqué l’histoire », et bien je pense que je n’ai pas besoin d’en dire plus.

Comme le disait justement lui-même Sir Ernest Shackleton (1874-1922) :

Si je n’avais pas une volonté de fer, je ferais un ivrogne de première classe…

Son teint de vin blanc très frais révèle une dignité issue de son fût américain.

Nez:
Toffee, bois et sherry fumé. Malt caramélisé et grillé. Noix et céréales. Fond de canne à sucre brûlée. Il s’en passe des choses ici.

Bouche:
Continuité agréable du nez. On reprend la canne à sucre et on vogue vers cassonade, pomme verte, malt fumé, noix. Épices et orange viennent ficeler le tout.

Finale:
Caramel, toffee et léger cuir s’étendent sur des notes d’épices langoureuses.

Équilibre:
Très bon et tout de même bien équilibré, mais on le préfère pour son histoire plutôt que pour son goût. Je ne m’en achèterais pas une bouteille, mais si j’étais en Antarctique et que c’était tout ce que j’avais, je me fermerais la gueule en tabarnac.

Note: ★★★★★