#029 • Rumskey

40% alc./vol.
Las Vegas Distillery, Nevada, États-Unis

Désolé du délai plus élevé qu’à l’habitude, mais voici enfin le numéro d’ouverture de la soirée du potager de David au Club de Scotch Whisky de Québec qui a eu lieu le 5 mars dernier. Un rhum distillé une fois, un whisky distillé une fois, les deux mélangés ensemble et puis distillés une seconde fois avant de passer directement en bouteille sans vieillissement. Je ne sais pas qui à Las Vegas a eu cette idée farfelue, voire même saugrenue, mais il a donné le nom peu original de Rumskey à cet enfant batârd.

Vous vous rappellerez sûrement de ces paroles de Philippe Hamelin:

J’ai jamais mélangé du rhum pis du whisky. Sauf une fois au chalet.

Le liquide possède la transparence et la clarté typique d’un new make, ce qui est à la fois attirant et effrayant. Allons voir sans plus tarder de quoi il en retourne…

Nez:
La mélasse du rhum prend toute la place au début pour laisser ensuite place à un caramel brûlé un peu plus subtil. Non-vieilli, mais en avait-il vraiment besoin? Ça me rappelle un bonbon à la tire qui aurait été oublié derrière un calorifère l’automne d’avant. Somme toute je m’attendais à bien pire…

Bouche:
Très fade au début, mais une effluve de mélasse désagréable monte rapidement dans le nez. C’est précisément là qu’on constate son manque de vieillissement. Ça se termine rapidement sur un voile de canne à sucre fumée.

Finale:
Quand même long mais méchant. Seul l’alcool reste.

Équilibre:
Pendant un moment j’ai eu peur d’être guetté par la cécité. Ce n’est pas parce qu’on a une idée qu’il faut nécessairement passer à l’action. Le mélange rhum et whisky nous confirme encore une fois que ce n’est pas bien de coucher ensemble entre cousins.

Note: ★★★★★

#028 • Chivas Regal 12 ans

40% alc./vol.
Chivas Brothers, Keith, Speyside, Écosse

Que d’émotions et de montagnes russes dans l’univers de la dégustation de whisky, après avoir goûté à une bouteille dans les quatre chiffres, je reviens à la base de la fameuse pyramide, avec le blended whisky le plus vendu au monde, le Chivas Regal 12 ans. Remarquez comme mon côté méfiant m’a fait acheter une mini-bouteille…

Les frères John et James Chivas ont commencé par fonder une épicerie au début des années 1800, et ont rapidement décidé de créer leur propre mélange de whisky pour répondre à la demande de leurs clients. Mélange car on parle bien d’un blend, c’est-à-dire qu’il est composé de plein de whiskys achetés de distilleries différentes et dosés avec minutie pour produire le résultat souhaité.

On dit même que le Chivas aurait été le whisky préféré de Frank Sinatra et de Tom Waits. Ont-ils du goût? C’est le moment de s’en assurer.

Nez:
La couleur d’un ambre léger le rend très alléchant. Au nez il est boisé, vanillé. Ça m’évoque la pomme de tire d’Expo Québec derrière un voile d’épices. Il finit par s’ouvrir sur une touche de décapant à saveur de mûres. Chaotique mais étrangement tentant.

Bouche:
Tout de suite lorsqu’il me tombe sur la langue il me remémore avec violence ces paroles de Lyne la pas fine:

C’est pas que c’est pas bon… C’est juste dénué de saveur. J’vais me faire un sandwich à la place.

Je le tourne et le retourne en bouche quelques secondes pour enfin trouver quelque chose. Petits fruits, chêne sucré et savonneux, rien de grandiose. Tombe un peu à plat, surtout comparé au nez.

Finale:
Menthe sucrée, chêne grillé. Excessivement succincte et je ne m’en plains pas.

Équilibre:
Chute vertigineuse. Le nez m’a fait oublier tout préjugé que j’aurais pu avoir, mais la dure réalité m’a giflé lors de l’arrivée en bouche. En plus avec sa brève finale, je comprends pourquoi ils en ont jeté 6000 gallons dans les égoûts la semaine dernière. Une chance qu’ils produisent d’autres expressions plus agées qui sont saluées par la critique, tout n’est pas perdu. Mais aujourd’hui pour 20$ de moins je recommande à la place un blend canadien de qualité supérieure au service de Sa Majesté, Crown Royal bien entendu.

Note: ★★★★