#145 • Famous Grouse

40% alc./vol.
Edrington Group, Écosse

Toujours à l’affût de trucs que je n’ai jamais goûté, mon épouse m’a ramené du Maine en septembre un blend écossais dont la réputation n’est plus à faire, la fameuse gélinotte huppée, le Famous Grouse.

Datant de 1896, il appartient aujourd’hui au groupe Edrington, donc il ne faut pas se surprendre de retrouver dans sa composition un peu de Macallan et de Highland Park. Ça ne peut pas être mauvais. La preuve en est que c’est le whisky le plus vendu en Écosse depuis 1980.

Fait rigolo, pour ceux qui ont vu le film d’Edgar Wright The World’s End, conclusion de sa trilogie comprenant aussi les brillants Shaun of the Dead et Hot Fuzz, le troisième bar visité par les protagonistes se nomme le Famous Cock, et son logo, même si c’est un coq, rappelle drôlement notre fameuse gélinotte huppée.

En plus j’aime bien le p’tit poulet rouge de leur page d’accueil… Assez farfelu pour le scotch le plus populaire au nord du mur d’Hadrien.

Comme le disait si bien Léodagan, roi de Carmélide:

Qu’est-ce que vous voulez, mon p’tit Bohort : entre son épée qui fait de la lumière, son Merlin qui fait pleuvoir des grenouilles et sa Dame du Lac qui se prend pour une truite, il lui manque plus qu’un numéro de trapèze, au roi des Bretons.

D’une teinte or absolu que je jugerais même parfaite, on croirait que c’est un résultat précis que les blenders de chez Edrington ont réussi à atteindre avec une maîtrise inégalée. Impressionnant, visuellement du moins.

Nez:
Après avoir dû contourner une infime touche d’alcool, miel, fleurs, cannelle et autres épices s’offrent à nous. Le miel semble particulièrement nous flâner dans le nez. Une légère note de fumée perce le tout. Une expérience qui n’est pas sans rappeler un Té Bheag.

Bouche:
Doux et crémeux, une texture incroyablement mielleuse. Le miel floral du nez à peine fumé revient à la charge. La bouche est définitivement son point fort avec un joyeux mélange de noix, raisins et vanille qui m’évoque un trail mix.

Finale:
Plaisante, quoique courte. Agréable pente déscendente pavée de caramel.

Équilibre:
Excellent scotch de semaine. Bon choix pour initier un néophyte à une dose de complexité pas trop décourageante. N’a rien à envier à son petit cousin, le Black Grouse. Et la cerise sur le gâteau, pour le même prix, il est disponible en format 1,14L au Duty-Free de Beauce/Jackman…

Note: ★★★★★

#144 • Canadian Club Small Batch Sherry Cask

41.3% alc./vol.
Hiram Walker & Sons Limited, Windsor, Ontario, Canada.

Cela faisait un bon petit bout de temps que cette critique reposait patiemment dans mon carnet de dégustation, mais aujourd’hui un bel alignement de coïncidences en font la journée parfaite pour y aller de l’avant avec le Canadian Club Small Batch Sherry Cask.

Comme sur la photographie plus bas, je me suis tapé un petit chocolat au CC que ma douce m’a trouvé plus tôt cet après-midi. Je me suis dit pourquoi pas accompagner cela d’un bon vieux Canadian Club Classic 12 ans, tout en écrivant cette critique du Small Batch Sherry Cask, l’échantillon visé m’ayant été fourni plus tôt cet été par mon partner de scotch Pierre-Luc, dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. On le salue d’ailleurs.

Un bon petit mélange, chocolat et whisky, difficile de se tromper, malgré que j’ai eu l’impression que la pseudo-liqueur dans le chocolat était plus forte que le whisky lui-même. Par contre cela a eu pour effet positif de faire ressortir un plus grand éventail de saveurs dans le verre. Bon allez, je me suis assez étendu sur un whisky qui ne fait même pas l’objet du présent article…

Selon l’autorité en matière de whisky canadien Davin De Kergommeaux, auteur de Canadian Whisky : The Portable Expert, il est excessivement rare au Canada pour une distillerie de procéder à de la double maturation, en fûts de sherry de surcroît. C’est effectivement ce que nos amis de Walkerville font avec cette expression. Une fois notre bon vieux CC ayant atteint un âge de six ans, on le transfère dans un tonneau de xérès pour deux années supplémentaires afin de lui donner une profondeur et un caractère unique.

Ce qui me fait penser à ces paroles du grand Perceval, chevalier du pays de Galles :

Sans blague on pourrait pas fêter la mort des mecs que je connais pour une fois ? Comment ça ? C’est toujours la mort de vos potes à vous que l’on fête, moi dans quatre jours c’est l’anniversaire de la mort d’un oncle à moi, sans faire exprès il s’est tiré dessus avec un arc.

D’un degré acajou ou henné quasiment rubis, cette expression est plutôt bien assortie à son nom.

Nez:
Une avalanche de fruits évoquant un irlandais nous tombe immédiatement dans le nez. Les épices du rye emboîtent rapidement le pas avec une touche de vanille, le tout chapeauté par une solide présence de sherry.

Bouche:
Très doux et sucré, très fruité avec un brin de sucre d’orge et des notes de pin et de xérès.

Finale:
Douce et moyennement longue surfant sur une vague de tabac en feuilles et d’anis. Un beau duo seigle et sherry.

Équilibre:
Un bon rye avec un petit bonus. Une belle coche au-dessus du Canadian Club Classic 12 avec un rapport qualité-prix tout à fait canadien, dans le bon sens…

Note: ★★★★★