#123 • Balblair 1989

43% alc./vol.
Distillerie Balblair, Edderton, Highlands, Écosse

Tout de suite après avoir parlé de Glenmorangie, quelle coïncidence, nous tombons dans une autre distillerie des Highlands, située tout juste dans l’ombre de cette première, un peu à l’ouest, chez la distillerie Balblair. C’est la deuxième plus ancienne distillerie encore en opération. Elle a été fondée en 1790 par John Ross, bien que certains affirment que le site ait distillé du whisky dès 1749. Bien qu’au fil des ans la distillerie ait changé plusieurs fois de main et qu’aujourd’hui elle appartienne à Inver House Distillers (Knockdhu, Old Pulteney, Balmenach), encore quatre de ses neuf employés portent le nom de famille Ross.

Au lieu d’inscrire l’âge du whisky sur la bouteille, la distillerie a pris la décision moins traditionnelle de présenter plutôt un millésime sur ses expressions, prétextant l’idée quand même très logique que le goût d’un scotch peut varier d’une année de production à l’autre. Niveau traditionnel, ils se reprennent par contre drôlement bien par leur design d’inspiration Picte, comme les pierres ancestrales écossaises du même nom.

Comme le disait si bien Dame Séli:

Tout le monde le sait, en Carmélide, que vous êtes une patate. Seulement, ça passe parce que les gens savent que c’est moi qui tire les ficelles dans l’arrière boutique.

Coloration jaune dorée, on dirait pratiquement un sauternes.

Nez:
Légèrement boisé, cerise de terre, zeste d’agrume, banane, un peu terreux. Goutte de vanille.

Bouche:
Quand même doux, raisins, faible impression de sherry. Se termine sur de la fumée et un peu de cuir terreux.

Finale:
Caoutchouc cuireux, fumée, restant de banane et de cardamome. Dommage que je déteste la banane.

Équilibre:
Pas déplaisant, mais la bouteille n’en vaut pas le coup, ni le coût.

Note: ★★★★★

#122 • Glenmorangie Lasanta

46% alc./vol.
Distillerie Glenmorangie, Tain, Highlands, Écosse

La distillerie Glenmorangie produit un beau petit paquet-cadeau-découverte qui comprend une bouteille plein format d’Original 10 ans, et trois mignonnettes, une de Quinta Ruban, une de Nectar d’Òr et une de Lasanta. Dans un élan patriotique de « y’a personne qui va me dire quoi faire », un liquor store près de mon hôtel a décidé de splitter le paquet et de tout vendre individuellement, pour faire bien sûr plus de pognon. Cela faisait évidemment mon affaire, car j’ai pu mettre la main sur un échantillon de, ayant déjà essayé les autres, Glenmorangie Lasanta.

Glenmorangie étant on ne peut plus friands des affinages spéciaux, cette expression n’y échappe donc pas. La distillerie ayant aussi un faible pour les noms gaéliques, elle en choisit un qui signifie « chaleur et passion ». Ce qui nous donne au final un scotch qui, après sa période initiale de dix ans en fûts de bourbon, a séjourné deux années supplémentaires en tonneaux de sherry oloroso, j’ai nommé le Lasanta.

Comme le disait si bien l’auteur américain Daniel Woodrell:

Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.

Le soleil couchant de Californie le fait paraître d’un cuivre bruni déscendant jusqu’à un xérès doré.

Nez:
Vague de raisin, avec un bon accompagnement de citron sûrette et de sel. Un fond de cuir, de mélasse et de rhum tente de faire surface sans jamais tout à fait s’affirmer proprement. Une touche de sherry est tout de même présente, surtout au deuxième nez, bien qu’étouffée par le miel signature de Glenmorangie. 2e dégustation, malt classique de la distillerie dans toute sa splendeur, rehaussé par des notes de céréales, de raisin et du plus infime des cuirs.

Bouche:
Sherry, raisin, bourbon, beurre salé et cassonade. Vague de chaleur mielleuse qui n’est pas sans rappeler l’expression originale de la distillerie. 2e visite, l’influence du xérès semble beaucoup plus marquée. Le taux d’alcool explose agréablement en bouche.

Finale:
Courte mais réconfortante, avec des notes de sherry. On la sent déscendre dans une ondée chaude et épicée.

Équilibre:
On dirait ici que Glenmorangie essaie d’imiter les Fine Oak de Macallan, mais malheureusement son autrement excellent malt de base ne s’y prête guère. Qu’ils s’en tiennent aux autres affinages qui, aussi saugrenus soient t-ils, ne cesseront d’agréablement nous surprendre. Après tout, on ne peut pas gagner toutes les batailles. 2e évaluation, je ne sais pas s’ils ont modifié la recette, chose possible avec les expressions de base des grandes distilleries, mais cet embouteillage est clairement supérieur à celui qui m’a servi pour la première critique. Le sherry vole la vedette. Si vous avez les reins (ou le foie) assez solides pour les expressions à finition de Glenmorangie, qui malgré leur taux d’alcool raisonnable semblent exploser, c’est un embouteillage à garder presque en tout temps dans votre armoire à scotch.

Note: ★★★★★