#020 • McClelland’s Islay Single Malt

40% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Pour ce billet je vais faire plaisir à mon collègue Marc-André qui ne cesse de prêcher l’importance de garnir la « base de la pyramide », c’est-à-dire profiter des scotchs et whiskys que l’on pourrait qualifier « d’entrée de gamme », afin de mieux apprécier ceux qui peuvent nous sembler plus inaccessibles, que ce soit par coût ou par rareté.

J’ai donc choisi le McClelland’s Islay Single Malt. Il n’existe pas de distillerie McClelland en soi, c’est une marque appartenant à Morrison Bowmore Distillers, qui possède des distilleries telles que Auchentoshan, Glen Garioch et, vous l’aurez deviné, Bowmore. C’est de cette dernière que provient le scotch dont je vous parle aujourd’hui.

Autre fait divers intéressant, Morrison Bowmore appartient au groupe japonais Suntory, le même Suntory qui produit le whisky de la pub de Bill Murray dans l’excellent Lost in Translation. Si Unibroue appartient aux japonais, pourquoi pas McClelland’s?

Nez:
Je laisse le verre sur la table après l’avoir versé, et une faible vapeur d’iode embaume la pièce. Ça sent l’hôpital avant même d’avoir songé à mettre le nez au dessus. L’ambiance est plein de promesses. Je plonge dans le verre et une tourbe intense me met au défi, suivi d’une fumée raffinée mais assurée.

Une infime touche de cuir s’en dégage après en avoir pris une gorgée. Un peu moins subtil que les autres Islay auxquels j’ai goûté. Comme s’il me disait « C’est de même »…

Bouche:
Miel onctueux dès l’arrivée sur la langue, volutes de fumée par la suite pour finir en épices. Le tout dominé par un petit côté un peu plus fade sur lequel j’ai de la difficulté à mettre le doigt.

Finale:
Très nette et quand même plus longue que ce à quoi je m’attendais. Un brin de fumée au début et ensuite on s’étire sur un fond de pastilles pour la toux. Je suis intrigué par ce que ça doit donner si j’en bois pendant un rhume.

Équilibre:
Pour les experts, je dirais que ce n’est rien de plus qu’un Islay de semaine. C’est toutefois un bon début si on en est à notre tout premier Islay, il ne faut pas effrayer les gens après tout. Un des bons rapports qualité-prix en SAQ.

Note: ★★★★★

#019 • Balcones Brimstone

53% alc./vol.
Distillerie Balcones, Waco, Texas, États-Unis

Nous avons gardé pour la fin un whisky particulièrement épique. Brimstone signifie « soufre », et l’expression biblique fire and brimstone se traduit par « le feu et le soufre », qui sont souvent décrits comme les instruments de la colère de Dieu.

C’est de la fumée de bois et non de tourbe qui a servi pour distiller ce whisky. On a fait brûler des copeaux de chêne pour enfumer le maïs bleu qui est à la base de ce nectar, ce qui explique son caractère singulier.

Certains de mes lecteurs vont se rappeler que lorsque j’ai parlé du Smokehead, j’ai dit que l’expression 18 ans Extra Black a vieilli au Mordor. Et bien si c’est le cas, il ne fait aucun doute que le Brimstone a été distillé à même Orodruin, la Montagne du Destin. C’est honnêtement mon coup de coeur de la soirée et soyez assurés qu’à chaque fois que je mettrai les pieds aux États-Unis, je remuerai ciel et terre pour en trouver ne serait-ce qu’une bouteille.

Nez:
Feu de camp, saucisses sur le feu, chalet humide entre potes, BACON, BACON, re-BACON derrière… Mais pour vrai, du bacon. Du jamais vu.

Bouche:
Encore la cabane en bois rond, anachorète au fin fond du Yukon. Fini les masses de gens égoïstes et asociaux qui emplissent les centres commerciaux à Noël. Je me ferme les yeux et je laisse le Brimstone m’emporter loin de la cohue.

Finale:
Longue, boisée et épicée. De la boucane en bloc, le poêle à bois, le gouda fumé. Je n’ai jamais vu une finale semblable. Je ne vous mens pas, après une heure et demie ça goûtait encore. Colle à timbres postaux.

Équilibre:
Quand on dit que l’eau-de-vie réchauffe le coeur, Brimstone est pas mal dans le mille. D’une fumée tellement originale que ça ne ferait de mal à personne si des distilleurs de l’Islay allaient visiter les gars de Waco.

Note: ★★★★