#074 • Ardbeg Galileo

49% alc./vol.
Distillerie Ardbeg, Port Ellen, Islay, Écosse

Espace, frontière de l’infini, vers laquelle voyage notre vais… attendez, je divague. Demain c’est le 1er juin, et le 1er juin c’est Ardbog Day, le jour férié autoproclamé de la distillerie Ardbeg. Pour l’occasion, le Club de Scotch Whisky de Québec organise une dégustation spéciale avec comme invité l’ambassadeur Ruaraidh MacIntyre. Mais j’aurai amplement le temps de vous en reparler demain et au courant du reste de la semaine.

Pour moi-même commencer le bal, et parce qu’on m’a dit que cette expression stellaire ne serait pas de la partie, j’ai décidé aujourd’hui de vous vanter le Ardbeg Galileo. Ce whisky en est un de 12 ans d’âge qui marque un évènement bien particulier. Ardbeg a décidé en 2011, avec la participation de la firme de recherche NanoRacks LLC, de lancer pour la première fois du whisky dans l’espace. En fait, une petite quantité de leur whisky est en train de vieillir sur la station spatiale internationale au moment où l’on se parle. L’expérience a pour but de mesurer les effets de l’apesanteur sur la maturation, les saveurs et les arômes du whisky.

Pour commémorer l’évènement, Ardbeg a lancé cette édition spéciale, distillée en 1999 et embouteillée en 2012, l’a empaquetée dans un superbe emballage rétro-sci-fi, et l’a judicieusement nommée Galileo. Donc non, malheureusement ce n’est pas précisément ce scotch qui a été dans l’espace. Inutile de vous dire que les bouteilles qui ne contiendront qu’une fraction du nectar spatial quand il reviendra sur terre se vendront à un prix mirobolant.

Comme le disait si bien William Shatner:

Le temps et l’espace sont infinis, et pourtant on n’en a jamais assez…

Nez:
D’une belle couleur caramel doré, mielleuse même, dès qu’il est versé, l’Islay emplit la pièce. Bien sûr, fumée de tourbe plein la gueule. Avec un peu de persévérance on prend plaisir à y découvrir du chêne vanillé, de la guimauve grillée, du beurre, du cuir, du gazon et du goudron. Le nez est si sophistiqué qu’on en oublie de le boire.

Bouche:
Sucré-salé comme dirait Guy Jodoin. Tourbe à la vanille, tabac à pipe, notes de réglisse noire.

Finale:
La boucane et une tourbe un peu poivrée s’éclipsent placidement pour faire place à l’amertume d’une touche de grains d’espresso.

Équilibre:
Un Ardbeg d’enfer, comme il se doit. On sent un peu le marketing derrière l’histoire spatiale, mais la boîte rétro est vachement cool.

Note: ★★★★

#073 • Nikka 12 ans Taketsuru Pure Malt

40% alc./vol.
Distillerie Nikka, Yoichi, Hokkaidō,
et Aoba-ku, Sendai, Préfecture Miyagi, Japon

Lors de ma dernière succulente visite à L’Affaire est Ketchup, mon choix de digestif s’est arrêté sur le Nikka 12 ans Taketsuru Pure Malt.

La distillerie Nikka doit son existence à Masataka Taketsuru, pionnier de l’industrie du whisky japonais. Chimiste de formation, Taketsuru voyagea longtemps en Écosse afin de comprendre les secrets de la distillation du whisky. Lors de son retour au pays, il appliqua son savoir-faire pour son employeur Kotobukiya (aujourd’hui devenu Suntory) à l’ouverture de la première distillerie japonaise, Yamazaki.

Fondée en 1934, Nikka est le fruit du désir de Taketsuru de voler de ses propres ailes. Son nom original était Dainipponkajū, qui en japonais signifie littéralement « grande entreprise de jus de fruit japonais ».

Étant un inconditionnel du Yamazaki, je me suis souvent demandé si je devais acheter le Nikka vu que c’est la seule expression japonaise disponible en SAQ ces temps-ci. Quand j’ai aperçu la bouteille cachée sur une tablette au-dessus du poêle, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais.

Mais comme l’a si souvent crié Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, le premier-premier ministre du Québec, à ses enfants:

Faut baiser le cul du diable pendant qu’il est frette…

En me renseignant sur la toile, je suis relativement surpris d’apprendre que c’est un blend. Ambre foncé plutôt roux. Allons-y.

Nez:
Fruits puissants et fumée légère. Citron qui se métamorphose en caramel écossais. Bouffée de chêne au deuxième nez. D’une lourde agressivité, son bouquet a de fortes chances d’effrayer les néophytes.

Bouche:
Petits fruits des champs, suivi de butterscotch, même de beurre d’érable à la Daniel Pinard. Mais les fruits ne se font pas attendre de nouveau et reprennent rapidement le dessus.

Finale:
Seuls l’alcool et le bois persistent, et moins longtemps que souhaité. Déception.

Équilibre:
Pas horrible mais inégal. L’amoureux du Japon en moi veut adorer ce whisky. Le Yamazaki est infiniment meilleur. La bouteille achève mais ne vous en faites pas, il atterrira sur ces pages éventuellement.

Note: ★★★★★