#254 • Amrut Single Malt • Batch 53

46% alc./vol.
Distillerie Amrut, Bangalore, Inde

Encore une fois, cette mini provient de l’état à la plus grande variété de minis, la Californie. Amrut nous en met encore plein la gueule avec un emballage soigné, du tube de métal au sceau de papier du goulot, autant que si c’était une bouteille pleine grandeur. Celle que nous avons aujourd’hui est l’expression de base, disponible en SAQ, provenant du lot #53, distillé en janvier 2010 et embouteillé en mars 2013, voici le Amrut Single Malt.

La plupart du temps, Amrut sort ses whiskys dès qu’ils peuvent légalement en porter le nom, car ils ont cette lame à double tranchant qu’est leur climat indien. On dit que trois ans en fût sous les chaleurs humides de l’Inde équivaut à dix ans dans le climat écossais. Mais qui dit vieillissement rapide dit aussi qu’il faut être vigilant et embouteiller ce whisky avant que trop d’alcool ne se soit évaporé. On se rappelle qu’en bas de 40% ce n’est plus du whisky!

Amrut jongle plutôt bien avec ces défis, tellement qu’une édition spéciale vient d’être mise en marché, le Greedy Angels (les anges avares), qui après ses huit ans de maturation en Inde, a perdu entre 10% et 16% de son volume par année, contre environ 2% en Écosse!

Comme le disait si bien le militaire et administrateur français, nommé à deux reprises gouverneur de la Nouvelle-France par le roi de France Louis XIV, Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau (1622-1698):

L’avarice est comme le feu, plus on y met de bois, plus il brûle.

D’un beau jaune doré et éclatant, signe de jeunesse ou bien, connaissant Amrut, de belles promesses.

Nez:
Orge séchée, foin poussiéreux. Vanille et malt, surtout malt, bien juteux, grillé et sucré. Légères notes de fruits au sirop.

Bouche:
Arrivée en bouche mielleuse et légère, très égayante et sympathique. Vanille et chêne en force, épices crémeuses avec une subtile goutte d’amertume.

Finale:
Courte et chaleureuse. Cuir délicat sur une pointe de tarte au poires. Seul un petit, tout petit arrière-goût métallique vient lui coûter ici quelques points.

Équilibre:
Somme toute plus qu’un excellent malt d’entrée de gamme, et abordable en plus. Un choix très sensé d’embouteiller à 46%. Un bon tremplin pour vous diriger vers d’autres expressions de la distillerie qui vous feront vraiment tomber en bas de votre chaise.

Note: ★★★★★

#224 • Hammer Head Czech Whisky 1989

40.7% alc./vol.
Distillerie Pradlo, Pradlo, République Tchèque.

Le whisky choisi pour entamer la seconde moitié de la soirée des « whiskys à histoire » au Club de Scotch Whisky de Québec du 22 avril dernier en est un d’une origine assez insolite, le Hammer Head Czech Whisky 1989.

Inaugurée en 1928, la distillerie tchèque Pradlo, qui atteint son apogée durant les années 80, était une distillerie nationalisée qui avait pour objectif d’imiter les procédés de fabrication de ses concurrents capitalistes écossais. Ils utilisaient une variété d’orge cultivée en Tchécoslovaquie et de l’eau de source de la région de Bohême. Le vieillissement se faisait aussi exclusivement dans des fûts de chêne tchèque neufs.

Qu’est-ce qui en fait un « whisky à histoire »? En 1989, un évènement majeur marqua l’Europe en entier : la chute du redoutable mur de Berlin. Dans tout le chaos entourant cette réunification, de nombreux fûts de Pradlo fûrent oubliés et perdus pendant près de 20 ans.

Le nom Hammer Head fût donné à ce whisky redécouvert en l’honneur du moulin utilisé pour écraser l’orge maltée, moulin qui a été installé dès le départ des opérations de la distillerie à la fin des années 20.

Comme le disait encore une fois ma muse Sir Winston Leonard Spencer-Churchill (1874-1965) :

En Angleterre, tout est permis, sauf ce qui est interdit. En Allemagne, tout est interdit, sauf ce qui est permis. En France, tout est permis, même ce qui est interdit. En U.R.S.S., tout est interdit, même ce qui est permis.

Immensément pâle, comme un soir de pleine lune sur Berlin.

Nez:
Poire, kiwi, vanille, herbe. Un vent de nectarine et de punch aux fruits étouffe presque le reste. Un tout petit peu de poussière et de bois. Caramel et orange.

Bouche:
Orange, caramel, cannelle, sucre de canne. Définitivement le moment le plus agréable de ce dram.

Finale:
Fond d’agrumes éclipsé par une poignée de change. Beaucoup trop métallique à mon goût.

Équilibre:
Malheureusement pas assez dans ma palette. Belle pièce d’histoire, mais sans plus.

Note: ★★★★★