#213 • Shelter Point Canadian Single Malt Whisky

63% alc./vol.
Distillerie Shelter Point, Campbell River, Colombie-Britannique, Canada.

Pour souligner la fête du Canada, j’ai décidé d’y aller d’une quasi-nouveauté. Quasi, parce que pour être franc avec vous ce n’est pas un produit encore mis en marché, ce whisky a 24 mois, il n’est pas encore prêt et selon les normes canadiennes du moins, il ne peut même pas s’appeler un whisky. Merci à André qui m’a fourni un échantillon obtenu à la distillerie et grâce à qui je peux vous parler aujourd’hui du Shelter Point Canadian Single Malt Whisky.

Évidemment, ce produit n’étant pas encore sur les tablettes, je n’ai pas de photo de la bouteille. J’ai donc volé celle de l’échantillon d’André… Merci!

La distillerie Shelter Point a été fondée en 2005 lors de l’achat par ses propriétaires d’une ferme appartenant jusque là à l’Université de Colombie-Britannique. Ils ont distillé et vendent encore à ce jour toute une gamme de vodkas pour faire tourner la roue, comme on dit, jusqu’à ce que leur très anticipé single malt soit à point. La distillerie nous fait miroiter 2014 comme date butoir. Il ne reste qu’à espérer que le produit sera à la hauteur des attentes à ce moment…

Comme le disait si bien l’ecclésiastique savoyard Saint François de Sales (1567-1622) :

On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même.

Couleur d’un maïs jaune doré qui trahit sa jouvence.

Nez:
Bien que l’alcool soit encore omniprésent, si on en fait abstraction, une vague de vanille et de gâteau des anges nous remercie sur un fond de timide céréale. Même si l’influence du tonneau est son cheval de bataille, plus il respire, plus l’orge ressort.

Bouche:
Miel et caramel salé en puissance, quel délice! Feu de prairie de douces épices. Il faut comme dans tout bon cask strength faire preuve de vitesse pour assembler le puzzle avant que l’alcool ne nous embrase.

Finale:
Chaleureuse et interminable sur des notes de cannelle et de gingembre confit. De subtils parfums d’anis et de tire à la mélasse restent dans le câdre de porte.

Équilibre:
Excellent départ pour Shelter Point. Au moins une à deux années de maturation de plus ne lui ferait toutefois pas de tort. Ce faisant, ils pourraient aisément se débarasser de quelques mauvais plis de jeunesse et peut-être tenter de baisser le taux d’alcool entre 48 et 50%. S’il y a un whisky qui personnifie le mot « potentiel », c’est bien celui-ci.

Note: ★★★★★

#212 • Royal Reserve 1975

40% alc./vol.
Corby Distilleries, Windsor, Ontario, Canada.

Demain c’est la confédération, alors on va entamer la semaine avec un whisky bien de chez nous que mon oncle Roland a sorti de son armoire à spiritueux alors qu’il y reposait paisiblement depuis plus de 35 ans, le Royal Reserve, vintage 1975!

La marque appartient aujourd’hui à Hiram Walker et sa distillerie Corby, qui produisent aussi le Lot No40, le Pike Creek ainsi que la gamme Wiser’s. La bouteille que j’ai devant moi arbore le sceau de la SAQ de 1975 (Ça s’appelait encore la Régie des Alcools du Québec à peine cinq ans auparavant!), et l’ancienne étiquette avec le fameux slogan « les canadiens sont là ». On se croirait presque sur la terrasse d’un bar de terrain de golf.

Mais comme chanterait si haut et fort ma petite Simone :

La peinture à l’huile c’est bien difficile, mais le Royal Reserve c’est pour laver mes pinceaux…

Coloris à mi-chemin entre le doré et le roux clair. On ne peut s’empêcher de pender au Crown Royal. Quelques particules en suspension nous font penser à un Raw Cask, mais il serait fort mal avisé dans ce cas-ci de se faire de faux espoirs. Les canadiens sont là après tout.

Nez:
On commence avec l’alcool qui nous foudroie d’un uppercut sans crier gare. Si on ose baisser sa garde un peu, on peut déceler un petit côté fruité noyé dans la térébenthine. Un vent de cerise transporte des notes de bois et de vanille avant de les larguer dans une bassine de solvant à peinture. Touche de poivre et de jus de raisin Welch’s.

Bouche:
Arrivée en bouche plus mielleuse que prévu. Je suis même agréablement surpris de me faire servir un peu de caramel et de fruits des champs mêlés aux épices du seigle.

Finale:
Retour du solvant, avec épices, toffee et bois. Heureusement, la finale est très courte. Seul le poivre blanc demeure longtemps en bouche.

Équilibre:
Ce n’est quand même pas un désastre sur toute la ligne. C’est juste que dans la vie, il y a des choses qui ne changeront jamais, et le Royal Reserve en fait malheureusement partie.

Note: ★★★★