#171 • Bowmore 15 ans Mariner

43% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Merci à Pat et André pour un essai encore une fois d’une exclusivité du marché hors-taxes, le Bowmore 15 ans Mariner, l’ancien embouteillage de surcroît.

Une autre des expériences savoureuses de la distillerie, on parle ici d’un savant mélange de barils de bourbon américain et de sherry oloroso, dans le but d’obtenir une saveur unique.

Bien que ça ne fait pas très longtemps que l’embouteillage et l’étiquetage de l’expression aient changé, on dit que la nouvelle mouture est déjà en rupture de stock. Alors disons qu’on est pas mal chanceux d’avoir la vieille.

Mais de toute façon, quand on a affaire à la plus vieille distillerie de l’île d’Islay, qui date de 1779 après tout, on ne devrait pas trop s’en faire…

Comme le disait si bien le politicien et général romain Marc Antoine (83 av. J.-C. – 30 av. J.-C.) :

Ce n’est pas parce qu’il y a de la neige sur la couverture qu’il n’y a plus de feu dans le poêle.

Riche de la couleur du fût de xérès. Roux à fond.

Nez:
On lève doucement avec fruits secs, toffee et épices douces du sherry. Très timide et peu agressif. Le tout est porté par une feuille de tabac douce et discrète. 40 à 43% d’alcool maximum selon le nez. Un air marin bardé d’un peu de tourbe vient habilement ficeler le tout.

Bouche:
Hyper-fruité en bouche, retour sur la feuille de tabac, mais cette fois-ci avec un peu de cuir. Ça ne prend pas trop de temps avant que les épices nous rattrapent. 46%?

Finale:
Longue et chaude avec une agréable pointe de cuir fumé.

Équilibre:
Je commence de plus en plus à découvrir avec joie des Bowmore comme il ne s’en fait plus. On s’éloigne encore de l’idée que je me faisais de la distillerie, et c’est une bonne chose.

Note: ★★★★★

#160 • Bowmore 100 Degrees Proof Small Batch

57.1% alc./vol.
Distillerie Bowmore, Bowmore, Islay, Écosse

Chant du cygne de la soirée spéciale Souvenirs de Voyage du 3 décembre dernier au Club de Scotch Whisky de Québec, voici le Bowmore 100 Degrees Proof Small Batch.

Vieilli en-dessous du niveau de la mer dans le fameux Vault No.1 comme son grand frère de l’article précédent, le 100 Degrees Proof est un whisky qui, comme son nom l’indique titre à 100 degrés proof, ou juste 100 proof comme disent les américains. Bon, certains d’entre vous allez me dire « C’est quoi ça veut dire, degrés proof? », et d’autres péteux me diront « Meuh, si c’était vraiment 100 proof, ce serait 50% d’alcool, pas 57.1… »

Tiens tiens, j’entends au loin la cloche du cours d’histoire. Remontons à l’époque de Johnny Depp et des Pirates des Caraïbes. Le terme utilisé à l’époque, spirit proof, tire son origine des rations de rhum octroyées aux marins et était une façon pour ces derniers de s’assurer qu’ils ne se faisaient pas arnaquer avec du rhum dilué à l’eau.

On versait un peu de rhum sur de la poudre à canon et on essayait ensuite de l’allumer. Si le feu prenait on disait du rhum qu’il était à 100 degrés proof, ou à 100% pur si on veut. Si la poudre ne s’allumait pas, ça voulait dire que le rhum avait été coupé à l’eau, on le considérait alors comme under proof et on avait un paquet de matelots pas très très contents.

Les mathématiciens et les chimistes en ont déduit plus tard, pour mettre ces choses au goût du jour, qu’un spiritueux à 100 degrés proof avait un taux d’alcool équivalent à 4/7. Donc si on part du principe que 4/7=0.5714, le Bowmore 100 Degrees Proof est vraiment sur la coche avec son 57.1% d’alcool.

Ça, c’est la façon de faire du Royaume-Uni, qui l’a mise au rancart en 1980 pour s’aligner avec le système international. Les américains quant à eux ont continué comme d’habitude à faire à leur tête dans un esprit de liberté patriotique mal placée. Aux États-Unis, les deux mesures, proof et taux d’alcool, peuvent être utilisées. De surcroît, chez eux on ne dit pas degrees proof, mais proof tout court, et ce n’est pas un taux d’alcool équivalent à 4/7 mais bien à 1/2. Donc en résumé, en plus de ne servir à rien comme mesure, si vous voyez une bouteille américaine avec une mesure en proof sur l’étiquette, divisez simplement par deux et vous serez en territoire familier et universel avec un taux d’alcool en pourcentage comme partout ailleurs sur la planète.

Comme le disait si bien et si souvent l’écrivain, dramaturge, polémiste et éditeur québécois Victor-Lévy Beaulieu:

Il faudrait être sot pour croire que l’on meurt à cause d’une déficience qui nous est personnelle, ce sont les autres qui nous tuent par leur entêtement à vivre…

Belle coloration d’un miel doré qui n’est pas sans sous-entendre un fût de bourbon à quelque part là-dedans.

Nez:
Tourbe légère devant un rayon de miel. Vanille, malt, fleur de sel, cuir et chêne se bagarrent ensuite pour une place sous le soleil.

Bouche:
Fruits juteux soulignés par le taux d’alcool. Ample et mielleux avec encore du sel de mer, du caramel salé et du citron. Le goût n’est pas sans rappeler certaines moutures du Tempest.

Finale:
Épicée et sucrée, une légère tourbe nous transporte sur une longue période pour nous laisser sur une note de puissance sans réserve. Vitesse lumière.

Équilibre:
Une fois de plus, Bowmore m’emmène à des endroits moins familiers, et j’en redemande…

Note: ★★★★