#287 • Kilkerran Work in Progress II

46% alc./vol.
Distillerie Glengyle, Campbeltown, Campbeltown, Écosse

Aujourd’hui nous allons passer en revue un whisky provenant de la distillerie fraîchement ressuscitée Glengyle, mon échantillon du Kilkerran Work in Progress II.

La distillerie Glengyle est une des seules en opération dans la région écossaise de Campbeltown, et à elle seule possède une histoire plutôt tumultueuse et unique. La distillerie a été fondée en 1872 par William Mitchell, fils d’Archibald Mitchell, fondateur de la voisine et encore active aujourd’hui Springbank. Mais comme la majorité des distilleries de l’époque, Glengyle a beaucoup souffert au tournant du 20e siècle, juste avant la Grande Dépression. Mitchell dût la vendre en 1924, et la totalité de ses stocks fut vendue aux enchères la même année.

Au courant des années des investisseurs ont essayé de réouvrir Glengyle à plusieurs reprises. Le climat économique de l’époque et quelques impondérables comme la Seconde Guerre Mondiale ont malheureusement rendu ce rêve impossible. Les bâtiments furent par contre toujours loués à d’autres compagnies et organismes, donc ils n’ont jamais été laissés à l’abandon.

Il aura fallu attendre le 21e siècle pour que Hedley Wright, PDG de J&A Mitchell and Co Ltd, aussi l’arrière-arrière-petit-neveu du fondateur original William Mitchell, débarque avec la ferme intention de relancer la distillerie. Les premiers barils furent remplis dès 2004 et nous avons droit depuis 2009 à une édition annuelle en maturation qu’on appelle « Work in Progress ».

Plus de renseignements dans mon prochain article!

Comme le disait si bien le journaliste, écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et novelliste français Albert Camus (1913-1960):

L’élève, comme la rivière, aimerait suivre son cours tout en restant dans son lit…

Une pâle paille de jeune blanc-bec.

Nez:
Très fruité, un peu fumé par la suite, mais la première « sniff » est indéniablement cernée par la mélasse du new-make. Un peu de vanille, un peu de pommes rouges, un peu de salade de fruits, par contre rien ne parvient à enterrer l’herbe et le distillat trop immature.

Bouche:
Beau poids sur la langue. Fleurs, fruits, rayon de miel, entourés de poivre rose et d’une légère tourbe volatile. Un zeste de citron minéral boucle le party.

Finale:
Quelques tannins agréablesrestent, avec une petite sensation minérale de roche salée au bord de la mer. Assez courte mais pardonnable vu son âge.

Équilibre:
Pas tout à fait à point. Un nom bien choisi, « Work in Progress » pourrait presque être son sobriquet s’il avait été un embouteillage de la SMWS.

Note: ★★★★★

#258 • Springbank 10 ans

46% alc./vol.
Distillerie Springbank, Campbeltown, Campbeltown, Écosse

Je tiens encore à lancer mon chapeau à Pierre-Luc pour m’avoir laissé libre champ pour un raid de son armoire à whisky, tout cela dans l’intérêt bien sûr de ce blogue et de la culture en général, car pour cet article on y a déniché un pilier de la région de Campbeltown, le Springbank 10 ans d’âge.

La distillerie Springbank est en opération légalement depuis 1828, bien qu’elle devait l’être de façon illicite bien avant cela, et utilise depuis ses débuts une orge à peine tourbée, qui est distillée non pas deux, non pas trois, mais deux fois et demi. Concrètement, ça veut dire que dans leur processus qui compte trois alambics, seulement la moitié du second distillat passe dans le dernier alambic.

Toute leur gamme de whiskys est vieillie dans un amalgame de fûts de bourbon et de xérès. Dans le cas du 10 ans d’âge, l’expression d’aujourd’hui, la proportion de fûtailles de bourbon est supérieure à celle de barriques de sherry.

Comme le disait si bien le sculpteur italien Donato di Niccolò di Betto Bardi, dit Donatello (pas la tortue ninja) (1386-1466) :

Le patriotisme est votre conviction que ce pays est supérieur à tous les autres, parce que vous y êtes né.

Beau jaune neutre digne de fûts de chêne neufs.

Nez:
Derrière une tourbe fruitée et florale infusée de notes de pissenlit et d’abricot se cache une céréale plantureuse. On se laisse sur de légères touches de lait de coco qui dissipent la tourbe avec le temps.

Bouche:
Atterrissage crémeux souligné en force par miel et bruyère. Vanille et caramel, muscade et citron. Plein de belles paires.

Finale:
Légère impression de noix salées.Effluves puissantes et durables de tourbe et de bruyère.

Équilibre:
Un dram surprenant. Un exemple flagrant que Campbeltown et les Orcades font bel et bien partie de la même patrie.

Note: ★★★★★