#146 • Glen Garioch 1995 Cask Strength

55.3% alc./vol.
Distillerie Glen Garioch, Oldmeldrum, Highlands, Écosse

La quatrième expression de la soirée du 12 novembre dernier avec Iain McCallum au Club de Scotch Whisky de Québec en est une qui a fait presque l’unanimité parmi les membres, le Glen Garioch 1995 Cask Strength.

Le club avait déjà goûté à deux reprises cette année, en janvier et en avril, au millésime de l’année précédente, le 1994 CS. Il avait à tout coup été le favori dans ces soirées. Et bien qu’à cela ne tienne, le 1995 frappe une coche au-dessus et bon yenne que c’est bon. Il ne fait vraiment pas son degré d’alcool, c’est hallucinant comme il est doux.

Comme l’aurait si bien dit, s’il avait été présent avec nous à la dégustation, l’impressioniste français Claude Monet (1840-1926):

La douceur de l’homme pour la bête est la première manifestation de sa supériorité sur elle.

Or très pâle, plus pâle même que le 12 ans.

Nez:
Aucune, mais aucune agression par son taux d’alcool. On débute avec des petits fruits savonneux pour ensuite se faire surprendre par une véritable explosion de fleurs. Ça me rappelle d’ailleurs une bonne blague…

C’est l’histoire d’un père de famille qui avait trois filles. Un jour la première vient le voir et lui demande:

– Papa? Pourquoi je m’appelle Rose?

Le père répond:

– Et bien ma chérie, c’est parce que le jour de ta naissance, une pétale de rose est tombée du ciel et s’est déposée sur ta tête.

Contente de la réponse, la première fille s’en va, et la seconde fille du papa se présente avec la question suivante:

– Papa? Pourquoi je m’appelle Marguerite?

– Et bien ma chérie, c’est parce que le jour de ta naissance, une pétale de marguerite est tombée du ciel et s’est déposée sur ta tête.

Elle aussi, contente de la réponse, quitte la pièce. La troisième et dernière fille s’amène ensuite devant son papa:

– Ggjhbvihkggffjkhjhh !!!!

– TA GUEULE, FRIGIDAIRE !

Une deuxième visite au nez nous donne un doux mélange de toffee et de caramel, voire même une belle grosse cuillère de beurre d’érable.

Bouche:
Crémeux à mort. Un raz de marée de caramel salé, de toffee et d’épices. Du raisin vert avec une minéralité ensorcelante. Tout simplement divin.

Finale:
Longue et épicée comme le 1994, avec un petit côté salin mêlé à une impression de fleur mangeable sur les gâteaux comme celles en glaçage royal que faisait ma mère quand j’étais môme.

Équilibre:
Un cask strength incroyablement doux et suave. Majestueux, une balade en traîneau toute en douceur. Au moment d’écrire ces lignes, les quantités en SAQ sont dangereusement basses. Je me sentirais mal de vous dire de ne pas vous garrocher sur l’occasion. Un autre superbe coup de coeur de cette distillerie légendaire.

Note: ★★★★

#142 • Brora 30 ans

53.2% alc./vol.
Distillerie Brora, Brora, Highlands, Écosse

En guise d’avant-dernière expression de la dégustation du Club de Scotch Whisky de Québec le 22 Octobre dernier, nous retrouvons le fruit d’une distillerie disparue depuis 1983, le Brora 30 ans.

C’est George Granville Sutherland-Leveson-Gower, second duc de Sutherland qui fonda cette distillerie sous le nom de Clynelish en 1819 afin de créer de l’emploi sur son domaine. Un siècle plus tard, la Distillers Company Ltd (qui allait devenir Diageo) acheta le tout et construisit en 1967 une nouvelle distillerie juste à côté nommée aussi Clynelish. La première fut alors rebaptisée Brora.

De nos jours, les visiteurs de la distillerie Clynelish peuvent du coup visiter feu Brora et goûter à des éditions spéciales indisponibles dans le commerce depuis longtemps. Brora est par le fait même une des distilleries fermées les plus populaires et Diageo profite de l’engouement et mettant sur le marché un embouteillage spécial de l’expression de 30 ans à presque toutes les années.

Alors comme le disait si souvent le danseur et chorégraphe Jean-Marc Généreux:

Vous ne pourrez évoluer à moins d’essayer d’accomplir quelque chose au-delà de ce que vous avez déjà réalisé.

Arbore un coloris de paille foncée tirant sur le bronze…

Nez:
On y sent tout de suite un fond de belle tourbe grasse, suivi de vanille fruitée. La mutation du nez se poursuit sur des notes légères de cuir. Je prends une courte pause tellement c’est envoûtant. Pruneaux et feuilles de tabac à pipe arrivent à la fin. Sans cesse en mouvement.

Bouche:
Montre ses couleurs d’entrée de jeu. Nul besoin de chercher tellement le ballet des saveurs s’empresse de se présenter à nous. Le beau sucre fruité de l’orge est balancé par une amertume de cuir tourbé, puis revient sous la forme d’une caresse de caramel salé. C’est un malt doté d’un caractère évolutif sans pareil.

Finale:
Un vent iodé livre un duel tel un exercice de haute voltige avec le chocolat noir sur un fil de fer suspendu.

Équilibre:
Une seule comparaison est possible. C’est le Nico Archambault des single malts.

Note: ★★★★