#278 • Tomatin Cù Bòcan

46% alc./vol.
Distillerie Tomatin, Inverness, Highlands, Écosse

Comme je reçois, et ce n’est pas pour me plaindre, loin de là, énormément d’échantillons de différentes sources afin d’écrire ces articles, et comme l’internet et la latitude envers les droits d’auteurs bafoués ne sont pas infinis, je vous présente donc parallèlement à la bouteille d’aujourd’hui mon image par défaut pour quand je n’ai pas de photo originale. Un beau mur de bois avec un picto « pas de photo ». Sweet!

Bon, passons à l’ordre du jour. Voici le Cù Bòcan, un des embouteillages phares de la distillerie Tomatin. Cette dernière a été fondée en 1897 dans la région des Highlands et appartient aujourd’hui à des intérêts japonais, la Takara Shuzo Corporation. Bien que la majorité de leur whisky soit consacrée aux blends, Tomatin commence depuis quelques années à faire briller leur single malt dans leurs propres embouteillages. Outre le 12, le 14 et le 18 ans, on retrouve le Tomatin Legacy et l’expression d’aujourd’hui, le Tomatin Cù Bòcan.

Cù Bòcan est le nom gaélique d’une créature, un chien venu des enfers, qui terrorisait autrefois les habitants du village de Tomatin. On ne l’apercevrait qu’une fois à toutes les générations. Un ouvrier de la distillerie affirme s’être fait déjà pourchasser par la bête, avant que cette dernière ne s’évapore dans un nuage de fumée. Réalité ou chimère d’un pauvre ivrogne?

Le whisky lui-même, le plus récent à ce jour, est la seule mouture de Tomatin à afficher un caractère légèrement tourbé, ce qui sied bien à la bête éponyme. On dit qu’une édition limitée du Cù Bòcan, avec finition en fûts de xérès, serait dans les projets de la distillerie. On en salive déjà.

Comme le disait si bien le noble français Jean Joseph de Châteauneuf-Randon d’Apchier, ou le marquis Thomas d’Apcher (1748-1798):

C’est en l’an 1764 que la bête apparut sur nos terres, et les fit siennes. Un an plus tard, sa renommée dépassait les frontières de notre province et l’on commençait à penser que nul mortel n’en viendrait jamais à bout. Sous ses assauts, le pays de Gévaudan s’enfonçait peu à peu dans les ténèbres.

Jaune franc, entre limoncello et bouquet de mimosa.

Nez:
Céréales sûrettes avec une pointe de citron. Le bois de chêne, bien qu’un petit peu pourri, vole la vedette, soutenu par une petite tourbe extrêmement timide. Pointe de fleurs. Nez très jeune qui évoque par moments un new make.

Bouche:
Très sucré et fruité. Fruits rouges et épices. Quand même poivré avec une bonne dose de cannelle et de gingembre. Peu de corps mais plein de jeunesse.

Finale:
Petit retour de fumée sûrie, mais beaucoup trop gênée.On baigne ici encore un peu dans le new make.

Équilibre:
Un malt intéressant mais qui manque cruellement de raffinement. Tomatina devrait en imiter d’autres et laisser un peu plus de temps de maturation à leur expression de base, car pour le moment ça ne m’incite pas fort à explorer plus loin cette distillerie.

Note: ★★★★★

#274 • SMWS 31.24 Isle of Jura 24 ans

54% alc./vol.
Distillerie Jura, Île de Jura, Écosse

« Lively as an Acrobat ».

Le slogan de cet embouteillage de 24 ans de la Scotch Malt Whisky Society provenant cette fois-ci de l’île de Jura est « vif comme un acrobate ». Qu’en est-il?

De retour après ce communiqué de presse…

La Scotch Malt Whisky Society, ou SMWS, est le plus grand club de whisky au monde, avec plus de 26 000 membres répartis dans 16 pays. Avec leurs racines au Royaume-Uni, ils sont tellement étendus qu’ils peuvent se permettre d’acheter des fûts de whisky et de les embouteiller afin de les vendre exclusivement à leurs membres.

Toujours des single casks, embouteillés cask strength, sans aucune mention de la distillerie, leurs expressions sont toujours très prisées et encensées. Bien que le pourcentage d’alcool et l’âge du whisky soient indiqués sur la mystérieuse bouteille, aucune mention de la distillerie d’origine ne s’y retrouve. Le seul indice de son origine est sous la forme d’un cryptique code impossible à déchiffrer à mois d’avoir accès à la légende appropriée.

Comme le disait si bien le producteur, scénariste et réalisateur britannique Sir Joseph Hitchcock, ou tout simplement Alfred Hitchcock (1899-1980):

Le hockey sur glace est un savant mélange de glisse acrobatique et de Seconde Guerre mondiale.

Entre or profond et sherry amontillado, avec une qualité légèrement trouble, signe alléchant d’une absence de filtrage à froid.

Nez:
Faible malt grillé enterré sous de l’herbe et de la paille. Sel de mer, voire même poisson. Assez étrange. Rappelle le nez du Jura 12 ans, mais avec beaucoup plus de douceur. Évoque un peu un genre de fromage, mais pas d’ici.

Bouche:
Beau beau malt juteux et mielleux. Belles épices poivrées sur zeste d’orange. Raffinement très agréable dont on ne pouvait soupçonner l’existence juste au nez.

Finale:
Assez courte et malheureusement fortement influencée par ce qu’on a découvert au nez.

Équilibre:
Le goût en bouche en est sa vedette, mais le reste s’écroule aisément tellement son équilibre est précaire. Une chance que c’est un cask stsrength, bien que ça ne rachète pas grand-chose.

Note: ★★★★★